Inclassables

Dans les coulisses du blog : les essais auto

Dans le monde « avant Covid-19 », les constructeurs automobiles organisaient des essais pour présenter leurs nouveautés à la presse nationale et internationale. Longtemps réservées aux journalistes (purs et durs), certaines marques ont ouvert quelques-unes de ces présentations à d’autres médias digitaux (blogueurs, youtubeurs, instagrameurs…). C’est ainsi que j’ai pu enrichir le site avec des essais de véhicules très différents, certains constructeurs m’ayant fait confiance en m’invitant, merci à eux.

En attendant de découvrir ce que le monde d’après nous permettra encore de faire en la matière, on va se replonger un peu dans cet univers, qui derrière strass et paillette, n’est pas qu’un long fleuve tranquille.

En fait l’idée de cet article vient de remarques plus ou moins récurrentes, entre ceux qui pensent que je suis en « vacances » régulièrement, et ceux qui ne comprennent pas pourquoi j’ose parfois dire que ces essais ne permettent pas toujours de tout tester de la voiture concernée.

Deux manières d’essayer les voitures pour la rubrique essai

Avant de revenir sur les essais organisés par les constructeurs, je vais aussi vous parler d’autres tests de voiture que j’ai la possibilité de réaliser, ceux que l’on appelle entre nous des « emprunts de parc presse ». Parmi ces exemples, il y a tous mes essais Tesla notamment, celui de la Honda Civic Type-R, de la Mazda 6, de la Mustang GT et d’autres…

Ford Mustang GT V8 (2018)

Le principe c’est d’aller récupérer, généralement au siège de la marque en région parisienne, un véhicule d’emprunt dans la flotte réservée aux essais de la presse, dont la durée de prêt dépend des règles ou des besoins de chaque constructeur de 2 jours à bien plus. Bien sûr, on n’emprunte pas tout ce que l’on veut quand on le veut et comme on le veut, c’est également une relation de confiance qui s’inscrit dans le temps.

C’est généralement dans ces conditions que sont réalisés les comparatifs de plusieurs modèles produits par les médias auto (TV ou presse spécialisée). Pour ma part, ces véhicules de prêt permettent de compléter les essais avec des modèles qui me plaisent et pour lesquels je n’ai pas été invitée aux essais. Cela permet de tester les voitures à son rythme, sur l’itinéraire que l’on veut, et cela permet d’aller un peu plus loin dans le test.

Essai Tesla Model S 100D

L’inconvénient, c’est clairement le coût, j’avais d’ailleurs déjà abordé le sujet (lors de ma petite vente aux enchères ). En plus du déplacement jusqu’à Paris, il faut ajouter l’essence, les péages (si je ramène la voiture en Alsace ou ailleurs), voire le logement et repas… Quand on est déjà en région parisienne, il ne reste que les pleins d’essence (ce qui n’est déjà pas une mince affaire), mais dans mon cas chaque essai de ce type se chiffre généralement au-delà d’un montant à 3 chiffres (au minimum du minimum). La passion et l’envie de bien faire à beau être là, la raison pousse à faire des choix.

Voilà pourquoi les autres essais, ceux organisés par les constructeurs sont un vrai plus pour la vie du blog, mais les places disponibles sont rares. Ils permettent d’essayer des modèles beaucoup plus variés, dans de bonnes conditions, avec une convivialité agréable et pour des dépenses parfois réduites.

Strass et paillettes, mais pas uniquement

Clairement quand les constructeurs organisent des essais, ils font les choses bien. Généralement de belles destinations (en Europe ou en France), de beaux hôtels, de bons repas, de belles météos (ah ça non, pas à tous les coups…), des équipes qui gèrent toute l’organisation…

audi s5 cabriolet en toscane

Forcément quand on montre des photos de la destination, des hôtels ou encore du repas (et je ne parle pas des fois du spa), on a le droit à des remarques, comme quoi tout cela n’est pas vraiment un travail. Dans mon cas je confirme, je ne suis pas rémunérée pour le faire donc ce n’est pas un travail, il n’empêche que l’essai tout comme la rédaction de l’article sont faits comme si cela était une de mes branches d’activité professionnelle (si vous me lisez régulièrement, vous le savez). Vu le temps passé, on ne peut pas vraiment faire autrement, où alors si on ne le fait pas sérieusement, on n’aura généralement pas l’occasion d’en refaire d’autres. Il y a certes une part de plaisir, mais ce n’est pas uniquement cela.

Il y a bien des essais qui ressemblent plus à de grandes colonies de vacances, où l’ambiance est plus festive, qu’on en oublie presque pourquoi on est là. C’était le cas de certains essais Peugeot par le passé, mais d’autres marques ne sont pas en reste. Ces voyages laissent généralement des souvenirs d’autant plus grands pour ceux qui y ont participé, qu’ils animent encore les conversations des années plus tard.

peugeot colonie

Mais en dehors des « copains » que l’on peut croiser au hasard des invitations sur ces essais automobiles, ces voyages permettent également d’autres rencontres souvent enrichissantes. Ces essais offrent déjà une proximité plus grande avec les représentants de la marque. On y rencontre aussi parfois des membres du staff ayant participé à la réalisation de l’auto, ce qui m’a permis notamment de comprendre pourquoi le bouton des modes de conduite me semblait si mal positionné sur 2008 en discutant à bâton rompu avec une des personnes ayant porté le projet, et tout ça à 23h00 autour d’un verre au bar (inimaginable autrement). Des directeurs de la marque, des designers, des pilotes et des journalistes connus, voilà un panel de ceux que ces essais m’ont permis de rencontrer et avec qui j’ai pu discuter plus ou moins sans filtres, ce qui n’aurait pas été aussi évident sans ce contexte particulier.

La gestion du temps

Derrière cet environnement idéal, voire idyllique, reste que ces essais sont souvent des courses contre la montre. Il n’y a pas vraiment de journée type, certains déplacements sont même plus relax, alors que d’autres vont nous épuiser. Dans tous les cas entre les transports, la conduite et les moments d’échanges, on a peu de temps morts pour souffler.

Si l’on met de côté le préacheminement jusqu’à Paris très tôt le matin ou la veille, la journée débute généralement par un réveil matinal pour prendre le premier vol ou premier train pour la destination ciblée, une fois sur place après quelques mots de présentation, on se bataille pour attraper la version ou la couleur que l’on souhaite et on prend la route pour suivre les premières boucles du roadtrip. La pause déjeuner sera plus ou moins longue selon les horaires de l’arrivée sur place, puis d’autres boucles de conduite s’ajouteront.

Sur ces itinéraires recommandés, que l’on suit ou non, il faut garder ses sens en éveil, objectif principal, trouver différents spots pour les photos. S’arrêter, sortir peu importe les conditions météo, prendre les clichés ou vidéos, changer la voiture de sens ou de place, parfois vider le coffre ou l’intérieur pour quelques clichés, recommencer, remonter en voiture et reprendre la route jusqu’au prochain stop, tout en surveillant le timing, car il ne faut pas arriver trop tard aux heures de RDV.

La journée ne s’achève pas avec l’arrivée à l’hôtel, puisque généralement s’en suit une conférence de presse (plus ou moins longue), avant d’enchaîner sur le dîner qui peut lui aussi durer un certain temps. On peut aussi parfois refaire le monde autour d’un dernier verre au bar jusqu’à pas d’heure (j’avoue, j’aime bien ces moments-là, pas que pour le verre, mais surtout pour les discussions).

miss280ch un dernier verre ?

Le lendemain, la journée reprend généralement tôt, les voitures quittent l’hôtel à 8h, pour encore une session de conduite ou un retour à l’aéroport matinal. Les timings prévus offrent normalement toujours quelques marges de sécurité pour éviter que les retardataires ne ruinent le programme ou loupent l’avion, mais parfois ce laps de temps est vite grignoté par des impondérables (bouchons, départ tardif, problèmes divers ou GPS farceur…). Les temps d’attente ou de voyage se transforment aussi souvent en session de travail, ou alors en sieste réparatrice.

Il n’y a parfois qu’un modèle à tester, parfois il y a plusieurs modèles à disposition, plusieurs motorisations ou finitions. C’est d’autant plus d’informations que l’on doit absorber sans se mélanger les pinceaux. Généralement, une fois rentrée, c’est là que je me rends compte que j’ai oublié de relever les consommations ou de prendre des photos du coffre, de l’intérieur ou autre détail d’un modèle ou d’un autre (mais je suis loin d’être la seule, ça me rassure). On survole le système de navigation et d’information quand on le connaît mal, de même pour les différents affichages du compteur, on n’a pas toujours le temps de s’en préoccuper.

Un vrai engagement de sa personne

Les essais sont souvent réalisés en binôme, avec un oeil sur le roadtrip pour évaluer quand changer de conducteur pour ne léser aucun des deux participants dans son essai. Si vous pensez qu’être passager, c’est du repos, c’est assez rare dans la réalité, mais l’avantage du binôme repose aussi sur le fait de pouvoir échanger ses impressions à chaud. Quand il arrive sur des essais que l’on soit seul en voiture (comme ça a été mon cas récemment sur Ford Puma), on gère d’un oeil le GPS, de l’autre on cherche ses spots photos, l’esprit doit continuer à veiller au respect des vitesses et des autres automobilistes, tout en veillant à respecter les horaires, mais sans jamais oublier d’analyser le comportement du véhicule. Autant vous dire que si votre cerveau ne tourne pas à 100%, c’est mal barré.

essai kia xceed
Rassurez-vous mon binôme Tendance au Masculin n’a pas été maltraité pendant cet essai

Il vaut mieux tenir la forme pour cela, un essai fatigue, mais on encaisse, par contre quand le hasard du calendrier propose des enchaînements de plusieurs essais, autant vous dire que cela devient sport (surtout que l’on n’a plus 20 ans). Pour vous donner un exemple de 2019, un TGV depuis l’Alsace à 6h00 du matin pour CDG (un réveil donc à 4h30), suivi d’un vol à 10h (avec des temps en standby), avec le décalage horaire arrivée à 14h00 dans le pays de destination, déjeuner sur le pouce puis conférence de presse pour quitter l’hôtel à 15h00, en suivant le roadtrip (d’une durée estimée de 3h50 hors pause), retour à l’hôtel à 19h25 pour une heure de dîner initialement prévue à 19h30 (mais décalée à 20h), dîner au centre-ville plutôt très sympa, retour à l’hôtel pour un réveil prévu à 3h30 et un départ de l’hôtel à 4h30 du matin (aïe). Direction l’aéroport, retour à CDG où j’ai attendu un second vol 2h plus tard pour repartir vers Berlin, un essai heureusement plus cool au niveau des timings et du temps de conduite, mais un retour le lendemain après 21h en Alsace complètement épuisée. En 72h cela donnait : 4 h de TGV – 10 h d’avion – 10 h en voiture – 8 h de sommeil sur 2 nuits – xx heures dans les aéroports/gares.

Voilà pourquoi il y a des articles sur certains modèles où je ne saurais pas vous parler de certains points de détail, autant vous dire que parfois avec à peine plus de 2 ou 3 heures au volant du modèle ciblé, il n’est clairement pas possible de se dire expert du sujet. A moins d’être un journaliste aguerri, qui a déjà tout vu et tout testé, et qui connaît tout sur le bout des doigts. Autant vous le dire, ce n’est clairement pas mon cas. Il m’aura fallu attendre 2019 pour rouler pour la première fois dans une Mitsubishi ou des Huyndai, à voir ce que 2020 arrivera à me réserver. Il y a d’ailleurs probablement des marques que je n’ai encore jamais abordées ici. J’ai encore beaucoup de chemin à parcourir pour tout connaître, mais au moins je ne suis pas blasée et encore très curieuse.

Mitsubishi L200 essai pick-up

Enfin, pour ceux qui pensent que ce format d’essai n’offre pas la liberté de dire ce que l’on pense réellement du modèle testé. Autant vous dire que je préfère écrire ce que j’ai ressenti et prendre le risque de ne pas me faire ré-inviter (j’ai quelques marques qui semblent avoir fait du « one-shot », oups), que de faire de la remâche de dossier de presse. Je ne m’amuse pas à critiquer gratuitement, juste pour le plaisir, je pondère mes propos, car de toute façon ce ne sont que mes impressions (quel poids ont-elles ?). Il n’y a de toute façon plus vraiment de mauvaises voitures, les critiques sont généralement des points de détail (un moteur trop bruyant, des suspensions trop fermes ou molles, un infotainment à la ramasse…), ce n’est pas ce qui va justifier l’échec commercial d’un modèle à mon niveau. Au contraire, je pense que les critiques sont un élément intéressant à prendre en compte pour les phases de restylage, ce n’est pas dans la complaisance que l’on évolue le mieux.

Difficile à l’heure actuelle de savoir quelle sera la suite de l’histoire, s’il y aura une reprise des essais, sous quelle forme, en invitant qui… Beaucoup d’inconnues, mais je suis déjà tellement contente d’avoir eu l’occasion de vivre ce que j’ai vécu grâce à ce blog qui vient de fêter ses 8 ans d’existence.

Voilà vous savez tout, ou presque … 😉

A propos de l'auteur

Portrait Miss280ch 350z

Raphaelle

Avoir des chromosomes XX n'empêche pas d'apprécier les voitures et les belles mécaniques, bien au contraire. Je pense même que cela permet d'apporter un regard différent sur le secteur automobile, sans pour autant devoir se limiter à commenter la palette des couleurs des citadines.

J'ai grandi baignée dans l'univers automobile, je me suis fait plaisir avec des sportives raisonnables, j'ai passé des heures voire des week-ends au sein de clubs automobiles. Depuis maintenant plus de 7 ans, j'édite seule le site Miss280ch. Entre coups de coeur et coups de gueule, je m'exprime souvent sans langue de bois, mais toujours avec humour et honnêteté.

Basée en Alsace, je profite de l'Autobahn illimité pour taquiner les VMax des voitures ou des Vosges pour tester les châssis ... ce terrain de jeu est parfait.

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