La création, le développement et l’avenir de DS font couler beaucoup d’encre. Entre coup de génie ou coup de folie de PSA, on ne sait toujours pas trancher le cas de DS. Les concessionnaires, qui ont investi beaucoup d’argent pour s’adapter à la nouvelle identité de marque, veulent y croire, mais les chiffres de vente tardent un peu à rassurer (surtout à l’international). C’est le rôle du DS 3 Crossback d’asseoir la notoriété de la marque, alors challenge accepté ou mission impossible ?
Le positionnement Premium du DS 3 Crossback
On a bien remarqué que PSA s’était lancé ces dernières années dans de grandes manœuvres de repositionnement de ses marques et de ses produits. Les derniers modèles de Peugeot (508, 508SW, 208 et 2008) que j’ai eu l’occasion d’essayer en sont la preuve, mais les prix en hausse font quelque peu grincer les dents des amateurs de la marque. Mais alors qu’en est-il de DS ?
Séparer DS de Citroën a laissé pas mal d’experts dans l’expectative, mais si les marques asiatiques se sont lancées dans l’exercice avec plus ou moins de succès, pourquoi une marque française ne s’y tenterait pas ? Lexus pour Toyota, Genesis pour Hyundai et Infiniti pour Nissan, les résultats sont très variés, surtout en Europe, et l’échec d’Infiniti prouve bien que l’on ne s’improvise pas premium au royaume des allemandes aussi facilement.
Le groupe PSA a mis les petits plats dans les grands afin de construire une image haut de gamme à sa nouvelle marque. Les points de vente, comme les stands sur les quelques salons où DS participe, plantent le décor. À Mulhouse, comme au DS store de Colmar où je me suis rendue il y a peu, la transition entre les univers de marque ne laisse pas de place au doute. Une fois dans l’univers DS, on entre dans un salon feutré, le noir « chic » remplace le blanc bien trop criard, l’agitation d’une grande concession généraliste laisse place au calme d’un espace plus exclusif. Des fauteuils aux tapis en passant par l’éclairage, toute l’ambiance tend à placer le client (ou prospect) dans les conditions qui lui permettront d’accepter la note finale.
Mais est-ce que les produits suivent le positionnement haut de gamme de la marque ? C’est ce que nous allons voir à travers l’essai du DS 3 Crossback.
L’arme secrète de DS : le style
Que l’on parle de l’extérieur ou de l’intérieur de leur modèle, DS a su se démarquer au niveau du style avec un résultat audacieux. Des choix qui ne séduiront pas systématiquement l’ensemble des clients, mais qui ont le mérite de permettre à la marque de se démarquer sensiblement sur deux modèles (DS 7 & DS 3 crossback) qui évoluent dans un milieu fortement concurrentiel.
Sur le look global du DS 3 Crossback, c’est avant tout un travail soigné sur les optiques que je tenais à souligner. D’une part pour les feux diurnes intégrés à la face avant avec cette forme spécifique reconnaissable, mais aussi pour les feux DS MATRIX Led Vision, qui apparaissent comme un clin d’oeil aux innovations historiques de la maison.
C’est aussi cette grande calandre que l’on pourrait comparer à d’autres marques premium (comme Lexus). Assez massive et sculpturale, elle donne du dynamisme à ce SUV compact qui se prolonge sur le capot assez musclé également.
Ce DS 3 Crossback se démarque même sur les côtés avec des poignées de porte affleurantes, ce qui n’est pas sans nous rappeler la Tesla Model 3 ou le dernier Range Rover Evoque. L’aileron de requin qui s’invite sur les portières arrière est également une signature de DS, mais nous reviendrons sur ce point plus tard.
L’arrière du DS 3 Crossback est lui aussi assez atypique, un mix entre éléments fins (comme les feux arrière et le bandeau Crossback) et des hanches (passages de roue) bien marquées avec comme des poignées (d’amour) pour les saisir.
Mais si l’extérieur peut surprendre par ses choix stylistiques, ce n’est rien comparé à l’intérieur du DS 3 Crossback. En fonction de votre finition, la perception de l’intérieur va également évoluer, il faut dire que dans les finitions les plus hautes, l’effet cuir matelassé et le travail des matériaux fait son petit effet « waouh ! ». On pourrait lui reprocher cependant de charger un peu trop visuellement l’ensemble, mais l’originalité est quand même bien présente, et la personnalisation permet de faire une voiture à son goût.
Des sièges à la planche de bord en passant par la console centrale, le SUV compact de DS sait se démarquer de la concurrence, il reprend quand même une partie de la philosophie que l’on a découverte avec DS 7 Crossback. Maintenant, je dois bien avouer qu’il faut un petit temps d’adaptation pour prendre ses marques sur le positionnement des commandes. Que ce soit le bouton de démarrage, les boutons de lève-vitres ou celui pour changer de mode de conduite, cet agencement n’est pas forcément instinctif, mais j’imagine que lorsqu’il s’agit de son véhicule du quotidien, on fini par s’y retrouver. À l’inverse, les touches de raccourcis pour les commandes de l’écran central sont pratiques, même si l’on s’attend plus à un bouton qu’à un élément tactile, ce qui déroute également.
Au volant du PureTech de 155 ch
Sous le capot de ma version d’essai, j’avais le nouveau moteur essence PureTech 155 ch, que j’ai d’ailleurs eu le plaisir de retrouver il y a quelques jours dans le nouveau Peugeot 2008. Il vient compléter les PureTech 100 et 130 et les BlueHDI 100 et 130.
Pour cet essai, j’ai eu l’occasion de rouler aussi bien en ville que sur l’autoroute allemande, mais aussi dans les cols des Vosges, un panel qui m’a permis de me faire une idée assez précise des capacités de ce 3 cylindres.
Ce PureTech 155 ch ne manque pas de ressource, il offre un comportement assez dynamique au DS 3 Crossback, il est associé à la boîte automatique 8 rapports (EAT8) que l’on connaît bien dans le groupe. Que cela soit sur les routes des cols ou sur l’autoroute, je n’ai pas de reproche particulier à faire. Je dois même dire qu’il m’a surprise sur l’autoroute allemande illimitée, là où je l’ai un peu challengé quand la circulation devenait fluide.
Même si l’on ne dépassera pas les 200 km/h en Vmax, cette version 155 ch ne se laisse pas décourager par la montée en régime, reste qu’au-delà de 150 km/h les bruits aérodynamiques gâchent un peu le confort du DS 3 Crossback, cela tombe bien, on est limité à 130 km/h en France. Le confort et l’insonorisation font quand même partis des atouts de ce modèle, surtout pour cette catégorie de véhicules, autant en profiter pleinement.
C’est aussi sur l’autoroute allemande que j’ai pu tester certaines aides à la conduite, et notamment le régulateur adaptatif avec maintien dans la voie (DS DRIVE ASSIST), histoire de déléguer à l’auto la conduite dans une circulation plus dense.
Si le moteur sait se montrer assez réactif pour répondre à nos sollicitations, c’est aux dépens de sa sobriété. À vous de doser votre accélération pour obtenir une consommation raisonnée plus proche des 5.0 l/100km annoncés par le constructeur (6.8 litres/100km lors de mon essai). En tout cas, le châssis et le train avant donnent de bonnes performances, Le DS 3 Crossback semble avoir trouvé un dosage assez efficace entre confort et dynamisme.
Une fois arrivé en ville, j’ai par contre moins apprécié la gestion de son start&stop qui manquait de douceur. Un défaut qui est du coup complètement gommé si l’on opte pour la version 100% électrique qui est vraiment très agréable pour la ville.
En tout cas, l’équipement technologique du DS 3 Crossback contribue au confort du véhicule, avec une instrumentation 100% numérique et personnalisable peu importe le niveau de finition. L’affichage tête haute permet d’avoir les informations essentielles en un coup d’oeil, qui sont complétées par celles du compteur numérique pour plus de détails et de l’écran central de 10.3 pouces.
Quelques reproches au DS 3 Crossback
Revenons un peu à ce fameux élément de style appelé « aileron de requin », celui-ci rappelle l’ancienne DS 3, on peut donc comprendre la volonté d’intégrer un élément de l’histoire de la marque sur le nouveau modèle, sauf que leur physionomie est très différente. Le problème dans le cas présent, c’est que cette intégration se fait au détriment du confort des passagers à l’arrière, car il réduit l’espace vitré, mais aussi l’ouverture de la fenêtre.
Si vous avez des enfants qui circulent dans des sièges conformes à la réglementation, je doute qu’ils ne voient autre chose que cet aileron de requin pour regarder dehors, cela ne doit pas rendre le trajet à l’arrière du DS 3 Crossback très fun. Il se fait aussi au détriment de la visibilité dans l’angle mort pour le conducteur (oui il y a encore des conducteurs qui tournent la tête pour vérifier).
L’espace aux places arrière n’est pas très vaste, ce qui est légitime pour un véhicule de 4,12m, mais ajouté la surface vitrée limitée (merci la tendance des SUV), on a une sensation de confinement.
Un autre point m’a aussi perturbé : l’ouverture du coffre, cela a failli se transformer en gag d’ailleurs. J’ai dû regarder sur Google comment s’ouvrait le coffre pour trouver l’alternative à l’utilisation du bouton sur la clé. J’ai même cru un moment que le coffre ne pouvait finalement s’ouvrir que via la clé, ce qui me semblait étrange. Non je vous rassure, il reste bien un bouton, il se situe juste au-dessus de la plaque d’immatriculation, là où l’on pourrait s’attendre à trouver une ampoule d’éclairage de la plaque, il y a en fait une commande d’ouverture du coffre. C’est un détail, mais c’est aussi à ce genre de choses que l’on juge l’aspect pratique d’une voiture (et le pratique prend souvent le pas sur l’esthétique dans la décision finale).
Un autre élément n’est à mon avis pas tout à fait à l’avantage de la marque, c’est la complexité de l’offre pour le client qui doit s’y retrouver entre les différentes finitions et inspirations. Alors qu’une grande majorité des constructeurs simplifient leur catalogue pour ne garder que 3 ou 4 finitions et réduire la liste des options, on se retrouve chez DS avec 7 finitions (de « Chic » à « La Première » en passant par la « performance line + » celle de mon essai) avec des noms souvent assez proches, s’ajoutent à ça des « inspirations » qui portent le nom de quartier de Paris (comme Rivoli, Opéra ou Bastille), cela donne environ 2000 combinaisons de personnalisation possible pour le client sans compter le choix de la motorisation. Un casse-tête pour le client qui doit y voir clair, mais probablement aussi un challenge sur la chaîne d’assemblage de Poissy.
Et si ces trois premiers points sont anecdotiques, celui qui peut cristalliser un peu plus le débat, c’est le positionnement tarifaire (autour des 40 000 € pour notre version d’essai). En frontal avec l’offre des véhicules allemands comme Audi, c’est le « chic à la française » et le design singulier qui va faire pencher la balance vers DS. Mais ce positionnement n’est pas sans me rappeler Alfa Romeo, une marque dont on est nombreux à apprécier les modèles haut de gamme (Stelvio & Giulia), mais dont les clients se détournent pour un choix plus « rationnel ».
Court essai du DS 3 Crossback E-Tense, la version 100% électrique
Si l’essai de la version essence était un prêt de véhicule de presse de DS France, cet essai de la version électrique a été réalisé au DS Store de Colmar (une concession du groupe CAR Avenue bien implanté en Alsace), dont je remercie les équipes pour l’accueil chaleureux et le temps passé à échanger sur différentes thématiques.
Une prise en main dans l’esprit de ce que les clients de la marque ont pu expérimenter pour découvrir cette version 100% électrique du DS3 Crossback dans leur DS Store. Comme pour mon essai de la Peugeot 208 et de sa version électrique, les premières impressions sont identiques, la motorisation électrique gagne à être connue et testée. Il faut dire que l’environnement vous sera familier que vous alliez essayer e-208, e-2008 ou DS3 E-Tense. Ces différents modèles reposent sur la même plateforme et la même technologie, ce qui change c’est donc l’environnement intérieur et le comportement global impulsé à l’auto.
Sur cette version électrique du DS3 Crossback, c’est donc le confort façon premium qui se trouve renforcé. La motorisation électrique de 100 kW (136 ch) élimine toutes les vibrations et bruits qui peuvent être générés par un moteur thermique, pour rouler en ville c’est idéal. Pour vous accompagner au quotidien, il y a 3 modes de conduite :
- le mode Sport exploite 100% de la puissance disponible (100 kW) et offre une réactivité et des accélérations franches
- le mode Normal est réglé pour utiliser 80 kW de puissance (et plus si vous mettez pied au plancher), il est le bon compromis pour rouler au quotidien
- le mode Eco vise lui à limiter l’utilisation à 60 kW, les accélérations sont moins réactives, mais il vous permet de limiter votre consommation électrique pour obtenir plus d’autonomie
La boîte vous permet de sélectionner le mode « D » (drive) classique, qui réagit comme une voiture thermique normale, ou d’opter pour le mode « B » qui vous permettra d’avoir des freinages régénératifs plus puissants pour récupérer plus d’énergie lors de vos phases de décélération et de freinage.
Le DS3 Crossback E-Tense est donné pour une autonomie de 320 km selon la norme WLTP, mais son terrain de jeu sera quand même en priorité la ville et les trajets périurbains. Même si le DS 3 E-Tense a accès à des bornes de recharge rapide comme Ionity, ce n’est pas le plus efficient sur cet exercice du long trajet sur autoroute.
En tout cas si vous cherchez à différencier le modèle E-Tense du modèle thermique, je vous souhaite bien du courage, c’est encore plus compliqué que sur les cousins de Peugeot. Le meilleur indice en dehors des badges E-Tense sera l’absence de sortie d’échappement à l’arrière, pour le reste il vous faudra avoir l’oeil affûté.
Le prix de cette version électrique débute à partir de 39 100 € pour la première finition (hors bonus écologique).
En bref
Ce DS 3 Crossback a de nombreux arguments pour séduire : son design extérieur, son style avant-gardiste à l’intérieur, des matériaux assez qualitatifs, des motorisations et un savoir-faire technique du groupe éprouvé et efficient, et un confort que l’on peut classer comme premium. Il est vraiment intéressant et pour répondre à la question de mon introduction, c’est « challenge accepté » pour moi.
Reste à la marque à trouver sa clientèle et à la convaincre qu’ils sont un vrai premium, au même titre que les marques allemandes auxquelles on va les comparer systématiquement. Si une clientèle assez âgée et aisée devrait succomber aux charmes de la marque française, les CSP+ seront peut-être un peu plus dures à convaincre, et c’est certainement sur le service client que les DS Store auront une carte à jouer.
Car s’il y a un bien une chose que les clients des marques allemandes commencent à regretter, c’est que le service Premium ne soit plus vraiment d’actualité une fois que l’on doit s’adresser au service après-vente de son concessionnaire. C’est d’ailleurs sur ce genre de question que Lexus a su faire la différence, espérons que DS s’en inspire.
L'avis parfaitement subjectif de Miss280ch // DS 3 Crossback
Overall
-
Look Global - 7.5/10
7.5/10
-
Motorisation - 7/10
7/10
-
Confort & équipements - 7.5/10
7.5/10
-
Rapport Qualité / Prix - 6.5/10
6.5/10
La testeuse en dit :
Le DS 3 Crossback est un petit SUV compact, avec ses 4.12m il s’adresse surtout à une clientèle urbaine. D’ailleurs si vous faites partie de cette cible et que vous utilisez votre DS 3 Crossback dans vos petits déplacements quotidiens, n’hésitez pas à tester la version électrique E-Tense qui révèle beaucoup d’avantages notamment sur la question de l’agrément de conduite. Par contre si vous êtes un plus gros rouleur, les motorisations essence que l’on connaît bien dans le groupe PSA sauront apporter une réponse plus adaptée à vos besoins. Les points forts du DS 3 Crossback : son style original, ses intérieurs qualitatifs et singuliers, son confort.