Jeep 4xe (« four by e » pour la faire à l’américaine) est la nouvelle appellation pour les modèles électrifiés du constructeur américain, ici des modèles hybrides rechargeables (PHEV). Vous le savez désormais, l’électrification est le passage obligé pour toutes les marques pour coller aux normes, mais plutôt que de miser sur une simple hybridation légère (comme chez Fiat), Jeep a préféré opter pour une solution hybride rechargeable qui offre une vraie autonomie en 100% électrique.
Un choix contraire à l’ADN de la marque ? Absolument pas à mon avis, et je vous propose de découvrir pourquoi au travers de mon essai des deux modèles les plus vendus en Europe, le Renegade et le Compass.
Look et esprit identique
Que les fans de Jeep se rassurent, l’arrivée de l’électrification sur différents modèles ne change pas l’esprit qui anime la marque. D’ailleurs les éléments distinctifs extérieurs pour les 4xe se limitent à quelques sigles et une deuxième trappe dédiée cette fois à la recharge. Pour le reste, le Renegade ressemble toujours au Renegade, et le Compass au Compass.
A l’intérieur, c’est l’ajout de boutons spécifiques aux nouveaux modes de conduite (hybride, électrique et e-save) et de nouveaux menus dans le système Uconnect 8.4″ qui vont trahir la nouvelle motorisation de l’engin. On retrouve également sur ces deux modèles un nouveau tableau de bord LCD de 7 pouces qui vous permettra de suivre vos consommations plus vertueuses, ou pas, mais ça serait bien dommage.
Les deux modèles 4xe se déclinent en 4 finitions : Brooklyn Edition, Limited, S et Trailhawk, du style plus urbain pour Brooklin Edition au plus baroudeur pour Trailhawk, ces finitions proposent pas mal de combinaisons de couleur et de petits détails pour faire un véhicule à votre goût. Les deux premières versions (Brooklin edition et Limited) s’associeront à la version 190 ch de la motorisation hybride et les deux autres (S et Trailhawk) à la version la plus puissante de 240 ch. Là encore, cela reprend le même schéma qu’avec les modèles thermiques, cela ne devrait pas trop dépayser ceux qui connaissent bien la marque.
Sous le capot : un système hybride appréciable pour ces modèles
Enfin, on dit sous le capot, mais techniquement avec cette motorisation hybride, il faudrait dire sur l’essieu avant et sur l’essieu arrière. Plus concrètement, on trouve bien sous le capot un moteur 4 cylindres essence de 1.3 l offrant 130 ch ou 180 ch, avec 270 Nm de couple. Ces moteurs turbo essence (GSE) utilisent la technologie MultiAir que l’on connaît déjà sur les modèles thermiques de la gamme (et même du groupe).
Pour former la déclinaison électrifiée, on ajoute à ce moteur thermique, deux moteurs électriques et une batterie lithium-ion de 11.4 kWh. Le premier moteur électrique est positionné sur le train avant, il vient en renfort du moteur thermique et joue le rôle de générateur. Mais c’est le second moteur électrique, positionné sur l’essieu arrière, qui est particulièrement intéressant dans le cas de Jeep. Celui-ci développe jusqu’à 60 ch et 250 Nm de couple, c’est lui qui va permettre d’obtenir 4 roues motrices en l’absence d’arbre de transmission, et c’est lui qui récupère l’énergie au freinage.
Cela tombe bien, car à cause des normes et de la fiscalité rattachée, on avait perdu en France les versions 4×4 de Renegade et Compass. Drôle de pied de nez que l’on puisse récupérer une motorisation 4×4 avec un modèle qui peut bénéficier d’un bonus écologique, quand le malus l’avait lui fait disparaître du catalogue pour les versions thermiques.
Pour ceux qui s’inquiéteraient, la batterie de ces versions PHEV est positionnée sous les sièges arrière, le compartiment qui les abrite est étanche et bien protégé, il est donc possible de pratiquer du off-road avec Compass et Renegade 4xe, et notamment dans la finition Trailhawk, la plus adaptée à cela. Le passage de gué est possible jusqu’à une profondeur de 40 cm, et les angles d’attaque et de fuite n’ont pas changé. Mieux encore, le gain de couple généré par les moteurs électriques, et la gestion des essieux séparée, apportent des performances de franchissement plus élevées que dans la version diesel de 170 ch.
Quand on vous dit que l’électrification ne dénature pas l’ADN de la marque, je pense que vous comprenez maintenant pourquoi. Hélas, notre essai réalisé sur l’Ile de Ré n’a pas permis de tester les capacités de franchissement Jeep, ce n’est que partie remise je l’espère, mais j’ai vu des présentations qui ne laissent aucun doute sur cela. D’ailleurs, mettons un peu la technique de côté, et revenons à mon essai dans un usage plus commun.
L’expérience de conduite 4xe
On pouvait légitimement se demander si Jeep réussirait cette transition vers des modèles électrifiés, et pour une première, c’est plutôt réussi. Il y a bien sûr encore une petite marge de progression pour augmenter l’efficience et quelques transitions entre les différents modes (et notamment côté freinage), mais opter pour les versions hybrides de Compass ou Renegade relève presque du bon sens sur ces modèles, notamment pour une utilisation urbaine.
Les modes « 100% électrique » et « hybride » apportent tellement de confort, que comme bien souvent quand le thermique revient après avoir vidé la batterie, on a envie que d’une chose, régénérer assez pour de nouveau avoir des phases électriques. Ceci dit, avant d’avoir vidé la batterie, il faudra avoir parcouru un peu plus de 50 km (pour un trajet en ville, et un peu moins pour du mixte). Autre point, le moteur thermique, en dehors des fortes accélérations, reste assez discret, il y a un vrai progrès ces dernières années dans le groupe.
Lors de l’essai, l’idée était de relier la gare de la Rochelle au phare des baleines sur l’Ile de Ré en 100 % électrique avec Compass, finalement ça sera un peu moins sans que les premières gouttes d’essence ne soient utilisées, mais ça c’est parce que j’ai mis « pied dedans » pour doubler un tracteur, et ensuite sur la fin du parcours pour tester un peu l’ensemble une fois l’objectif atteint. Mais globalement, le résultat est honorable, avec 45 km en électrique sur 50 et 1.0 l/100km de consommation d’essence.
Le trajet du retour le lendemain en Renegade, sous une météo tempétueuse, était aussi une bonne occasion pour tester le côté très rassurant de Jeep dans des conditions dégradées et sur des chaussées détrempées. Là encore, la consommation d’essence sur le trajet d’une 50 aine de kilomètres est resté en dessous de 2 l/100km. Mais j’en profite pour faire le traditionnel rappel, si vous voulez profiter de consommations basses et du confort de l’électrique, il faut recharger son véhicule hybride rechargeable en le branchant sur secteur (environ 3h si la batterie est vide), sinon autant prendre la version essence.
Si vous avez besoin de conserver de l’autonomie électrique pour la fin de votre trajet, n’hésitez pas à activer le mode « e-save ». Il vous permettra de conserver le niveau de batterie électrique pour le moment où vous en aurez besoin, ce mode-là permet aussi en allant dans le menu dédié de forcer la recharge en roulant (ce que l’on déconseille si vous ne voulez pas surconsommer inutilement). Si votre besoin de la fée électricité apparaît lors d’un parcours off-road en 4×4, sachez qu’il y a toujours une réserve pour que le véhicule puisse se sortir d’un mauvais pas en utilisant les 4 roues motrices, même si la batterie est théoriquement vide.
Pour le reste, comme une bonne Jeep vous retrouverez différents modes de traction du Selec-Terrain : Auto, Sport (une nouveauté sur ces modèles), Sable/boue, Neige et Rock (sur Trailhawk). Ainsi qu’un large panel de technologies visant à améliorer votre confort et votre sécurité au quotidien.
En bref
Pour moi Jeep fait un sacré bond en avant avec ces versions 4xe de Compass et Renegade, et je suis très curieuse de voir ce que l’hybridation pourra donner sur un modèle comme Wrangler.
J’avais déjà essayé la motorisation diesel du Renegade, qui était bien trop rugueuse à mon goût, et le Compass que j’avais testé en essence, mais qui manquait clairement d’un petit quelque chose pour gagner en intérêt. Avec la motorisation 4xe, on touche du doigt ce qui manquait ou ce qu’il fallait gommer comme défaut sur ces modèles. Le gain au niveau du confort de conduite est réel.
Forcément le bénéfice d’une motorisation plug-in hybrid a un coût et, malgré les aides qui peuvent être accordées, ces modèles ne pourront pas coller au budget de certains conducteurs. Il faut compter au moins 38 700 € pour Renegade et 43 000 € pour Compass.
Reste que la transition de Jeep est en bonne voie vers des modèles moins polluants (et surtout moins malussés) au quotidien (on garde à part des modèles « passion » comme le Grand Cherokee Trackhawk qui est de toute façon sorti du catalogue). Ce ne sont peut-être pas les modèles les plus efficients, ce ne sont peut-être pas les moins chers, mais ces modèles peuvent vraiment sortir des sentiers battus en 4×4 et tracter, ce n’est pas donné à tous les concurrents de ce segment.
Et puis franchement, le Renegade en PHEV ça a quand même de la gueule et surtout une originalité, qui manque tant aux autres constructeurs, qu’on ne peut avoir qu’un coup de coeur.
La version audio de l’article est disponible ci-dessous :