Début Mai je suis partie à la découverte d’une activité automobile hors des sentiers battus avec Jeep, enfin hors des sentiers tout court même. J’avais déjà fait un peu d’off-road et vaguement du franchissement avec d’autres constructeurs, mais ce passage à la Jeep Academy m’a permis de découvrir l’art du 4×4 carrément à un autre niveau ! Je vais essayer de partager les émotions de cette journée intense avec vous dans cet article.
La Jeep Academy, qu’est-ce que c’est ?
C’est un retour sur les bancs de l’école, mais probablement une école que Tom Sawyer aurait apprécié (désolé pour ceux qui récupère immédiatement la chanson entêtante du générique du dessin animé des années 80 à cause moi). Elle s’adresse aux propriétaires de Jeep, mais aussi aux prospects de la marque, avec pour objectif d’apprendre à mieux connaître les véhicules concernés et surtout leurs capacités (routières et tout-terrain).
Il y a bien-sûr une partie théorique avant d’attaquer les choses concrètes, mais pour cette journée, nous avons fait l’impasse sur la partie routière (et survolé la théorie) et on s’est concentré sur le Wrangler. Il faut dire que je commence à mieux connaître les différents modèles de la marque (revoir les différents essais Jeep réalisés), sauf que je n’avais jamais vraiment eu la chance de tester l’ADN même de Jeep à savoir ses capacités 4×4. Alors aujourd’hui au volant du Wrangler Rubicon sur un terrain de jeu dédié à cette activité, c’est le moment où jamais.
La Jeep Academy se déroule sur plusieurs terrains privés prévus pour cela (attention l’activité est très réglementée en France et les associations écologistes veillent au grain), et c’est sur le domaine de Château de Lastours dans l’Aude que nous avions rendez-vous. On a donc les véhicules, le lieu, il ne manquait plus que l’équipe de la Jeep Academy. Des personnages haut en couleur, professionnels mais un peu barrés, complètement mordus de franchissement avec des pedigree dans différents rallye-raid qui ne peuvent que mettre en confiance même les plus trouillard(e)s comme moi (car oui je ne faisais clairement pas la fière au début de la journée).
Première étape : le terrain d’apprentissage
Avant de nous lâcher en pleine nature l’après-midi, il nous fallait apprendre les règles de base du franchissement. Même si le Wrangler dans sa version Rubicon est né pour escalader tous types d’obstacles, pour le ramener entier et sans bobo, il faut quand même retenir quelques trucs :
- Comprendre comment utiliser la boîte courte, quand désactiver la sway bar, quand et comment utiliser les aides intégrées, etc.
- Apprendre à lire le terrain (comme on doit lire une piste sur un circuit) : quel type de sol, quelles conditions météos, quelle inclinaison …
- Projeter son regard sur l’obstacle à venir (ça aussi c’est comme sur un circuit) pour anticiper un maximum, ne pas hésiter à sortir la tête par la fenêtre pour savoir où on pose les roues.
- Gérer sa vitesse, enfin plutôt sa lente progression, doser une accélération constante pour grimper les obstacles, savoir reculer et ressayer plutôt que d’insister en accélérant pour rien.
- Etre en mesure d’arrêter son véhicule à tout moment, même en plein milieu d’une descente vertigineuse
- Viser le point haut pour poser ses roues pour franchir un obstacle, se souvenir que s’il y a un dévers il vaut mieux l’avoir attaqué au plus haut pour avoir plus de marge d’action en cas de glissade.
- Avoir passé l’avant du véhicule est une chose, mais il faut aussi penser à l’arrière (ne s’applique pas sur la version courte du Wrangler mais plutôt pour la version Unlimited, la longue).
- Savoir contre-braquer pour aller dans le sens de la pente que contre la pente.
- Tenir son volant fermement et penser à respirer (ça c’est surtout pour moi qui suis spécialiste de l’apnée quand je suis très concentrée).
Vous pensiez que faire du 4×4, c’était une promenade de santé ? Non, c’est avant tout une vraie discipline qui nécessite réflexion et entrainement. Les réflexes viennent naturellement avec le temps, mais pour un débutant, je dois dire que c’est assez déroutant voire même contre-nature. Et encore nous avions de la chance car il n’y avait ni boue ni sable, c’est encore un autre bazar à gérer.
En fait la première épreuve de la journée a probablement été le repérage à pied des différents obstacles. Ça grimpe sec jusqu’au plus haut du terrain de jeu avant de redescendre, sans finir sur les fesses de préférence (ce qui a failli m’arriver, mais heureusement j’ai de bons réflexes). Concrètement le véhicule va souvent passer là où à pied nous devons contourner la pente (trop raide). C’est impressionnant et ça fait monter la pression d’un cran.
Pourtant Jeanette, notre super instructrice 4×4 du jour, nous montre en même temps au volant du Rubicon ce que l’on peut faire ou pas sur ce terrain d’essai, il y a quand même beaucoup de possibilités offertes, et « on peut même descendre avec les pieds par la fenêtre » assure-t-elle. Il nous faudra quand même un moment pour avoir ne serait-ce que 20% de sa confiance en elle sur le même type d’obstacle.
Maintenant que la théorie est acquise, place à la pratique. Les autres journalistes dans leur grande galanterie m’ont donc laissé la primeur du premier passage (…ça se paiera ça … ). J’ai quand même dû me reprendre à 3 fois pour passer le premier obstacle (le temps de savoir doser l’accélération adéquate), et la motivation de Jeanette était bien utile pour franchir les suivants. Je n’en menais clairement pas large !
Le deuxième passage était un peu moins hésitant, enfin sauf pour appréhender la plus grande descente, où là je lâche encore quelques jurons lorsque le capot commence à s’incliner lentement dans le vide de la marche la plus haute. En fait le franchissement c’est comme les montagnes russes, sauf qu’on élimine l’aspect vitesse (et que l’on va éviter au maximum les loopings).
Les passages des uns et des autres s’enchaînent jusqu’à l’heure du déjeuner, je pensais en avoir fini pour les sensations fortes du matin, mais c’était sans compter sur le chef d’équipe de la Jeep Academy qui annonce alors « on a encore 15 minutes, et si on faisait le parcours à l’envers ». Bah voyons !
C’était cependant un bon test pour voir si nous avions bien appris à lire le terrain et pas juste à reproduire ce que l’on nous avait dit. Je vous laisse imaginer qui a eu le droit de passer en première sur ce nouvel exercice, mais après tout j’ai fini le parcours assez fière de moi puisque je n’ai pas fait d’erreur dans mes prises de décisions, et que j’ai choisi la sécurité là où d’autres se sont montrés audacieux (en se mettant dans des situations un peu plus chaudes). Tout s’est bien passé, j’ai bien mérité ma pause !
En route pour l’aventure !
Enfin vous vous doutez bien que dans le cadre de la Jeep Academy, rien n’est laissé au hasard et que les chemins empruntés ont été vérifiés par les équipes de professionnels. Mais pour autant est-ce une simple promenade sans difficultés réelles ? Clairement pas, il y avait de sacrés dénivelés (qui nous auraient donnés du fil à retordre à pied), des chemins au relief accidenté très cassants ou des amas de roches éboulés, pas si simple à appréhender.
La première partie de notre escapade de 2h était même sacrément corsée, le terrain de jeu du matin semblait bien gentillet d’un coup ! Mais pour autant rien pour arrêter la progression de notre Jeep Wrangler dans sa version Rubicon. Le matin nous avions deux versions : 2 et 4 portes, mais l’après-midi nous avions deux versions 4 portes (plus pratique pour changer de conducteur rapidement) équipées pour l’un du moteur diesel de 200ch (450 Nm de couple) et pour l’autre du moteur essence 270ch (400 Nm de couple).
Je me demandais si dans le cadre du franchissement le moteur essence serait moins favorisé notamment par rapport au couple, mais il n’en est rien, il a même un avantage, il n’a pas besoin de « déFAPer » (drôle de sensation d’entendre le moteur s’emballer pour brûler certaines particules alors que l’on roule au pas). Et puis le son du nouveau MultiAir est quand même plus sympa.
Bref nos Wrangler sont des montures dociles qui ne rechignent pas à l’effort. J’avais peur d’être malade en tant que passager, il n’en a rien été. J’avais aussi peur d’être secouée, de manquer de confort et de finir la journée complètement cassée, j’étais certes fatiguée de l’effort de concentration (et du vent très présent, normal dans cette partie de la France), mais le confort du Jeep Wrangler est vraiment un plus (voir mon article d’essai du Jeep Wrangler sur la route).
Si je n’étais pas forcément pressée de me jeter sur le volant le matin, je rechignais beaucoup moins l’après-midi à affronter les sentiers défoncés. Un peu plus et j’en redemandais encore même.
Si j’aime bien faire de temps en temps des marches dans la nature (et surtout à la montagne), je dois dire que cette sortie en 4×4 offrait elle aussi de beaux paysages et des panoramas assez exceptionnels. Et une chose que je retiendrais de cette promenade sur le domaine du château de Lastours, c’est l’odeur des herbes et autres plantes sauvages qui envahissaient l’habitacle du Wrangler. Le romarin comme le chèvrefeuille s’invitaient de temps en temps jusqu’à nos narines, comme pour rappeler que nature et automobile peuvent quand même cohabiter dans le respect de l’autre.
Cette discipline automobile est finalement une ode à la lenteur où l’on peut prendre le temps de profiter de l’environnement dans lequel on évolue. On est assez loin de ce qu’il se passe dans des épreuves de rallye-raid comme le Dakar ou le Rallye des Gazelles, mais dans nos journées qui sont souvent minutées, évoluer doucement, prendre son temps est un luxe qui pourrait bien séduire de nouveaux adeptes. Je comprends mieux ce qui motive les jeepers et autres fans de ce loisir de plein air.
Je terminerais cet article par un grand merci, à Jeep forcément pour m’avoir invité à découvrir cette discipline, mais aussi à l’équipe de la Jeep Academy pour l’organisation et la formation donnée, et bravo au Chateau de Lastours de mettre à disposition ce magnifique terrain de jeu. Et puis enfin surtout à Jeanette James, instructrice unique en son genre, elle a su être pédagogue et rassurante, elle a su me détendre et me motiver à prendre confiance en moi, alors que sur la route du matin je me demandais dans quelle galère j’étais encore allée me fourrer pour le blog (pour vous dire que je partais de loin), et à la fin de la journée je comprenais ce qui pouvait motiver sa passion pour cet univers, encore sûrement bien trop masculin 😉 …