Pas une semaine ne se passe sans qu’un constructeur n’annonce son désistement du salon de Francfort qui doit avoir lieu du 12 au 22 septembre 2019. On se moquait du dernier salon de Paris de 2018, qui avait enregistré un nombre important d’absents de renom, mais du côté allemand c’est carrément une hécatombe à un peu plus d’un mois de l’ouverture du salon. On n’est d’ailleurs probablement pas à l’abris d’apprendre le désistement d’une ou deux marques supplémentaires dans les prochains jours.
Le salon allemand des véhicules allemands
Au rythme où cela va, plus que jamais l’IAA de Francfort méritera son qualificatif de salons des véhicules allemands. Sur leurs terres, les marques nationales ont toujours dépensé des budgets impressionnants sur cet événement, créant d’ailleurs un écart flagrant avec les autres constructeurs. Nous tenons d’ailleurs là une des raisons pour laquelle certains grands groupes internationaux ont claqué la porte de l’IAA, estimant que le jeu n’en valait clairement pas la chandelle.
Une transition marquée vers un salon orienté technologie et mobilité s’est depuis opéré, et se confirme encore pour l’édition à venir selon le teaser de l’événement.
Jusqu’en 2015, un salon incontournable
Pour ceux qui n’ont jamais mis les pieds sur ce salon automobile qui se tient tous les 2 ans en alternance avec celui de Paris, il faut avoir en tête que jusqu’à maintenant la répartition était simple :
- Groupe BMW : un hall entier (N°11)
- Daimler-Mercedes : un hall et demi avec le Forum et le Festhall (N°2)
- Groupe Volkswagen : un hall qui regroupe toutes les marques (N°3) et quelques années Audi avait carrément un hall temporaire sur l’agora.
- Toutes les autres marques se répartissaient alors dans les autres espaces disponibles (environ 4 halls)
D’ailleurs en 2015, j’avais carrément fait un article sur Miss280ch, non pas sur les nouveautés du salon, mais sur l’enfer que cela pouvait y être d’y aller un samedi : Un samedi sur le salon de l’IAA Francfort entre plaisir et enfer (je vous remets quelques photos parlantes pour ceux qui n’iront pas voir l’article mentionné)
Mais derrière cette foule compacte, signe que le salon suscitait quand même un engouement énorme du public, on découvrait aussi que les constructeurs mettaient les moyens pour surprendre et capter les visiteurs (vous pouvez aussi voir ça sur cet article : Et si on remettait des prix sur le salon de l’IAA 2015 ). Une fête de l’automobile qui s’est hélas ternie. Le dieselgate débute quelques jours avant l’IAA 2015, lançant déjà un voile de suspicion qui va surtout se ressentir sur l’édition suivante.
2017, un salon beaucoup moins exubérant
Le dieselgate est donc passé par là, première chose qui va me frapper en me rendant sur le salon c’est que l’imposant stand éphémère d’Audi en plein milieu de l’Agora a disparu. La marque est réintégrée avec les autres marques du groupe dans le hall 3, empiétant notamment sur la superficie dédiée à Volkswagen, mais un peu sur toutes au final.
2017, c’est aussi l’année qu’a choisi FCA (hors marques de luxe) pour faire l’impasse sur le salon. Le hall 6, qui 2 ans plus tôt présentait Alfa Romeo, Fiat, Lancia (oui oui avec l’Ypsilon), Abarth, Jeep, Maserati, Ferrari et Hyundai (qui avait dû prendre les miettes), se trouvait vidé de sa substance et accueillait alors une exposition de véhicules anciens. Maserati et Ferrari migreront dans le hall d’à côté au milieu des préparateurs et du grand stand Jaguar-Land Rover.
Cette année-là, Nissan sera aussi absent (tout comme à Paris l’année suivante), rejoint par Peugeot, laissant ainsi de la place à Hyundai dans ce hall, mais également à des marques chinoises que nous ne connaissons pas (Cherry, Wey). Les autres changements sont mineurs, pour autant voir que dans le hall BMW, Rolls Royce n’est pas présent est un peu surprenant, ou que le stand Mercedes ne crée plus un show toutes les heures comme l’édition précédente.
Si on résume, on a alors d’un côté 3 halls dédiés aux 3 groupes allemands (13 marques) et de l’autre 3 halls pour toutes les autres marques (environ une trentaine), vous pouvez imaginer sans mal que certains constructeurs préfèrent alors favoriser un salon plus neutre, comme celui de Genève où les superficies sont plus équitables.
Quid de 2019 ?
On ne va pas annoncer le score avant que la partie ne soit jouée, mais il y a quand même pas mal d’éléments qui semblent mettre en péril l’aura internationale de ce salon.
On dit bien que les absents ont toujours torts, mais quand en plus les marques locales commencent à réduire la voilure, cela sent quand même un peu le roussi pour l’IAA.
En effet, BMW va diviser par deux la superficie de son stand, ils l’avaient d’ailleurs annoncé quelques jours après la fermeture de l’IAA 2017. Comme quoi, ce n’est pas une décision liée aux bouleversement récents dans le directoire du groupe munichois, mais bien un constat que la démesure de leur investissement n’était plus aussi rentable ou nécessaire. Cela dit dommage, car j’adorais leur stand avec la piste d’évolution.
Le hall 11 accueillera donc d’autres marques, et si l’on en croit les derniers plans présentés sur le site de l’IAA, Hyundai est prévu dans ce hall. Sauf que Hyundai est la dernière marque à avoir claqué la porte, il y a de cela quelques jours. Coup de bluff pour obtenir un meilleur emplacement à un meilleur coût ? Possible, car la marque avait quand même lancé de nombreux teasing autour d’un nouveau modèle dévoilé à Francfort. Je suis donc un peu surprise de l’imaginer finalement absente du salon. Mais tout semble possible sur cette édition de l’IAA.
Il irait quasiment plus vite de lister les marques présentes que les marques absentes. Certaines absences ont fait les gros titres des autres médias automobiles, mais si l’on se fie à l’annuaire des exposants actuellement publié sur le site de l’IAA, certaines marques semblent faire l’impasse sans que l’on ait vraiment réalisé.
Principal secteur impacté et pourtant celui qui fait le plus rêver les visiteurs : le luxe. Un salon qui se fera sans Ferrari, Bugatti, Bentley, Rolls Royce, Maserati ou Aston Martin (qui en 2017 a plutôt misé sur des événements dans le centre-ville de Francfort). Il restera Lamborghini (dans le hall 3) et McLaren (en extérieur sur l’agora) pour faire briller les yeux des amateurs de véhicules ultra sportif.
Si l’Alliance Renault Nissan devait briller par son absence, il y aurait quand même un dispositif allégé pour Renault (et Dacia), apparemment en extérieur pour présenter le Renault Captur. En revanche il est certain que le groupe PSA ne sera représenté que par Opel (et surtout pour sa nouvelle Corsa), pas de Peugeot (comme en 2017), ni de Citroën et toujours pas de DS.
Le groupe Toyota fait aussi l’impasse cette année sur l’IAA, c’est un peu plus surprenant, car c’est me semble-t-il la première absence du groupe sur un des salons du triptyque Genève / Paris / Francfort. Mais alors que Ford a fait l’impasse sur Paris (en 2018) et Genève (en 2019), il reste fidèle à sa présence sur l’IAA, où il présentera sa nouvelle Puma (et d’autres nouveautés).
Se joignent aux dispensés : Mazda, Suzuki, Subaru, SsangYong, Kia (dommage pourtant avec le lancement du Xceed qui coïncide quasiment avec le salon). J’ai bien cru que Honda jetterait l’éponge également, avant de constater que c’était partiellement le cas puisque le stand Honda est au nom de la filiale Allemande (et non du groupe). Enfin Tesla comme Volvo seront encore absents cette année, mais Polestar devrait avoir un corner sur l’esplanade extérieure de l’Agora.
Ce n’est pas vraiment les nouveaux entrants qui font enrayer la baisse du visitorat du salon, car à part Byton dont j’attends de découvrir les véhicules, il n’y a dans cette édition 2019 pas grand chose d’excitant pour le grand public, cela devient plus un salon B2B entre les manufacturiers et tout le hall dédié à la technologie.
Aller ou ne pas aller à l’IAA ?
That is the question, oui je me la joue à la Shakespeare. Ma curiosité me pousse à prendre mon accréditation pour faire un saut sur une journée au salon, pas besoin de 2 jours au moins cette année, c’est une économie. D’un autre côté, est-ce que l’investissement financier du déplacement en vaut la chandelle, je ne sais pas. J’hésite donc …
Et dire que les années précédentes je me faisais une joie à l’approche de l’IAA. Aller à cette grande messe de l’automobile, même si c’était essentiellement pour observer la toute-puissance des marques allemandes jouant à domicile, était quand même un plaisir des yeux, même si c’est sûrement le salon le plus épuisant (vu la superficie à couvrir). Quel gâchis !