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Oups ! Lancia vend plus que Alfa Romeo au premier semestre 2019 en Europe

Alfa Romeo Giulia Veloce - intérieur

La situation peut sembler absurde et pourtant les chiffres des immatriculations du premier semestre 2019 sont sans équivoque. Avec une baisse de 42,4% par rapport à la même période l’an passé, Alfa Romeo peine à dépasser les 27 700 véhicules alors qu’elle en affichait 48 000 en juillet 2018. La marque va avoir besoin d’un sacré coup de boost (ou miracle à ce niveau-là) pour ne pas finir l’année complètement dans les choux.

Si on pourrait très bien comparer ces chiffres avec ceux de Lexus (26 602, mais +10,7%) ou DS (23 919 et -8,6%) qui sont deux marques avec un positionnement premium, pas forcément si éloignées, il n’en reste quand même pas moins que la baisse est spectaculaire. La seule marque à afficher une chute aussi nette au premier semestre 2019 (- 30%) est Maserati, on partage donc les gadins en famille chez FCA. Et dire que la croissance du groupe devait reposer sur les épaules d’Alfa Romeo avec des volumes attendus autour de 100 000 unités pour l’Europe (et de grands espoirs sur le marché US), Oups ! Heureusement que Jeep est là.

Museo Storico Alfa Romeo Milano

Le plus risible quand on regarde les tableaux de données de l’ACEA (European Automobile Manufacturers Association), c’est quand on réalise que la ligne au-dessus qui affiche une progression de 27,4% avec 34 767 véhicules est associée à Lancia. Cela dit la marque avait pas mal chuté l’année dernière.

Stand Lancia quasi désert au salon de Francfort 2015

Oui, Oui, Lancia n’est pas morte pour ceux qui ne le savaient pas. Alors certes il n’y a plus qu’un seul modèle au catalogue et celui-ci est commercialisé uniquement en Italie, pour autant et à grand renfort d’offres commerciales alléchantes, la Lancia Ypsilon s’est vendue entre janvier et juin à près de 35 000 exemplaires, le modèle entre quand même en fin de cycle (elle a déjà 8 ans). Il faut dire que le marché italien est friand de ce gabarit d’auto, et ils sont nombreux à être sous le charme de ce design atypique, et si vous avez fait un tour récemment en Italie, ce que l’on croise dans les villes et les villages italiens c’est du Lancia, du Lancia et du Fiat. C’est vraiment frappant, surtout pour nous Français qui ne croisons que peu de Lancia sur notre territoire.

Il est quand même difficile d’imaginer que face à un seul modèle disponible dans un seul pays, Alfa Romeo n’arrive pas à faire le poids avec 4 modèles commercialisés dans l’Europe (enfin ça dépend comment on les compte). On ne peut pas accuser l’Alfa Romeo Mito d’avoir précipité la chute de la marque en quittant le catalogue, on peut cependant regretter que la Giuletta vieillissante tarde à se renouveler. Pour faire tourner la machine, Alfa Romeo se repose donc sur Giulia et Stelvio en attendant d’autres modèles (mais lesquels ? Le coupé ou le petit SUV ?).

Alfa Romeo Concept Tonale - Genève 2019

Si ces deux modèles (Giulia et Stelvio) sont de belles réalisations qui plaisent beaucoup (j’ai d’ailleurs moi-même beaucoup aimé mon essai de la Giulia Veloce), ils sont quand même bien moins nombreux à passer le cap de la signature. « La meccanica delle emozioni » souffre encore et toujours de l’image tenace de manque de fiabilité (dur de se défaire de ce genre de réputation) et d’un réseau pas toujours à la hauteur. Pire encore, le passage à WLTP a sûrement mis un coup de frein aux ventes, et comme la marque n’est en plus pas en avance sur la question de l’électrification, cela commence à se corser face à la concurrence.

Alfa Romeo Giulia Veloce
Alfa Giulia Veloce

En tout cas, en France les ventes dédiées aux flottes d’entreprises et les taxes doivent peser lourd dans la balance, mais même en Italie la marque semble accuser une baisse notable. Reste que l’on peut espérer que la marge dégagée sur ces modèles plus haut de gamme permette à la marque italienne de tenir le cap.

On est donc un an après le passage de témoin précipité de Sergio Marchionne à Michael Manley (et 2 jours avant la date anniversaire du décès du gourou de FCA). Et après une demande en mariage loupée avec Renault et des chiffres peu glorieux pour ce premier semestre, on peut se demander comment FCA va réussir à relancer la machine, encore une fois. Alfa Romeo n’en est pas à son premier coup dur, mais il faudrait vraiment un coup de génie et une stratégie réaliste vis-à-vis du marché pour tirer la marque en dehors des sables mouvants dans lesquels elle semble s’être engluée. On ne peut pas imaginer qu’Alfa Romeo rejoigne Lancia dans les marques « mortes vivantes », il n’est pas possible de tuer ces deux marques italiennes.

Museo Storico Alfa Romeo Milano

Sur le même sujet vous pouvez relire cet article Boitier Rouge / CarJager de Mai 2018 : Alfa Romeo quel avenir pour la marque au biscione

Pour la séquence nostalgie, vous pouvez aussi voir mon article sur ma visite au Museo Storico Alfa Romeo

A propos de l'auteur

Portrait Miss280ch 350z

Raphaelle

Avoir des chromosomes XX n'empêche pas d'apprécier les voitures et les belles mécaniques, bien au contraire. Je pense même que cela permet d'apporter un regard différent sur le secteur automobile, sans pour autant devoir se limiter à commenter la palette des couleurs des citadines.

J'ai grandi baignée dans l'univers automobile, je me suis fait plaisir avec des sportives raisonnables, j'ai passé des heures voire des week-ends au sein de clubs automobiles. Depuis maintenant plus de 7 ans, j'édite seule le site Miss280ch. Entre coups de coeur et coups de gueule, je m'exprime souvent sans langue de bois, mais toujours avec humour et honnêteté.

Basée en Alsace, je profite de l'Autobahn illimité pour taquiner les VMax des voitures ou des Vosges pour tester les châssis ... ce terrain de jeu est parfait.

7 commentaires

  • Et dire que si l’on prêtait foi aux propos de FCA et de ses thuriféraires, c’était le groupe Renault-Nissan qui devait remercier l’italo-américain de lui proposer ce mariage…
    Rares furent à l’époque les journalistes sérieux à noter que les chiffres de FCA ne cessaient de dévisser, et que le sous-investissement chronique en R&D portait les germes de futures difficultés. D’autant plus que l’accélération de la transition à l’électrique tend à transformer cette présente faiblesse en future extinction.

    Et je doute que les recherches de Ferrari sur l’hybride et l’électrique soient si aisément transférables à la très grande série. Car quoi qu’en disent une grande partie des journalistes (désolé…), les acheteurs de très haut de gamme sont prêts à supporter des défauts qui sont rédhibitoires pour le grand public !

    Dommage pour Alfa-Roméo, dommage pour Lancia, dommage pour Maserati, qui semblent que de semi-moribondes, elles rejoindront bientôt les mortes.
    A moins d’un miracle ?

    • Belle analyse remarquablement synthétisée, que je partage dans l’ensemble.
      (merci aussi d’avoir parfait ma culture avec un mot que je ne connaissais pas « thuriféraires »)

  • Mis à part Jeep et Ram, toutes les marques du groupe FCA sont dans un piteux état, gamme réduite et très âgée:
    – Chrysler 1modèle, la 300
    Et Dodge avec la charger et la challenger.
    Malgré leur âge avancé, elles restent très appréciées au moyen orient pour leur gamme de gros V8 culminant à plus de 700 chevaux mais totalement inadapté pour n’importe quel marché ou la consommation de carburant est une préoccupation.

    Lancia 1 modèle,

    Fiât 1, 500 qui commence à être aussi en bout de course, reste les 500x et L.

    Alfa Roméo, vendre un esprit sportif, autant cela fonctionnait dans les années 80/90, de nos jours c’est même à contre courant, dommage car les Alfa sont de très bonne santé auto.
    On ajoute à cela une main mise des allemandes sur le premium entraine une dépréciation record des concurrentes.
    Maserati, le coupe commence à dater, les ghibli et quattroporte et levante sont très attrayantes mais ne sont pas sur des modèles à gros volumes et sont en frontal face à Porsche… dur dur.

    Toutes les marques souffrent du manque d’equipements Hi-tech, le GPS doit être la dernière innovation présentée .
    Inutile de parler d’hybridation ou d’electrique, c’est dans les super plans produits qui sont présentés à la presse depuis 15 ans. Fca annonce toujours 20 nouveaux véhicules pour les 5 prochaines années et cela ne se concrétise que par 2 ou 3 modèles dans le meilleur des cas et encore sur des marchés de niche ou mal positionnés face à la concurrence.

    Enfin, FCa est champion en Europe sur les ventes tactiques et aux loueurs. Des ventes à faible marge qui finissent rapidement en occasion qui cannibalisent le peu de ventes de VN aux particuliers. Il n’y a qu’à regarder le nombre de VO à faible voir Même avec 0 km disponible sur un célèbre site de vente de VO.

    Le rapprochement avec Renault était probablement sa dernière chance de s’en sortir, par je suis surpris que Renault aie pu envisager un rapprochement avec un groupe industriel dans une telle situation. La manière dont le deal a été présenté ressemblait plus à une partie de poker et non à une fusion industrielle. Sceller un deal à plusieurs milliards en 3 jours, c’est loin des habitudes industrielles.
    Renault n’avait vraiment rien à gagner.

    C’est vraiment dommage de voir mourir toutes ces marques qui ont une vrai âme et histoire mais il y a eu un vrai manque d’investissement depuis de nombreuses années.

    A noter que la pépite Ferrari a été sorti du groupe il y a quelques années, elle ne pouvait quitter la famille.
    La cession du groupe était sur la feuille de route de Sergio, il n’a malheureusement pas eu le temps de la concrétiser.

  • Charly,
    Il semblerait que les premières approches entre les deux groupes datent s’il y a plusieurs mois. En revanche, s’il est de règle que l’approche du closing d’une opération de ce type donne l’impression (pas toujours fausse d’ailleurs…) d’une certaine précipitation, je reste extrêmement surpris que les actionnaires de référence (tel l’état) semblent n’avoir été mis au fait de l’opération qu’au dernier moment. Et plus encore, que le banquier-conseil choisi par Renault se soit révélé lié de longue date à la famille Agnelli.
    Si ce n’est pas un choix délibérément délictueux, c’est à tout le moins une légèreté coupable. Ce qui est d’autant plus surprenant lorsque l’on sait que Thierry Bolloré (le PDG de Renault) est un dirigeant avisé et intègre.

    Ce rapprochement ne serait à priori pas une mauvaise idée. Mais indubitablement pas dans les conditions qui semblent avoir été retenues alors. Car n’oublions pas que si Nissan brille aujourd’hui au firmament de l’industrie automobile, ce fut avec une société à l’agonie que Renault s’alliant alors. Idem pour le rachat par Air France d’une KLM au bord de la faillite (mais il s’agit ici d’un rachat, pas d’une prise de participation croisée). L’expérience montre d’ailleurs que les rachats réussissent plus souvent que les soi-disant « fusion entre égaux » (Cf. rachat d’Opel par Peugeot Vs la fusion Lafarge-Holcim, etc…).
    La recherche désespérée de la « masse critique » à tout prix est loin de donner systématiquement de bons résultats…

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