Essai

Et si en 2018 on envisageait l’hybride façon Toyota Lexus ?

gamme hybride toyota -Bernard Rouffignac

Il y a 20 ans, Toyota commercialisait ses premiers modèles hybrides sur un marché alors inexistant et le tout sûrement accompagné par des critiques disant « ça ne marchera jamais ». Mais au diable les critiques et le scepticisme, Toyota s’était lancé le pari de réduire les consommations d’essence et l’impact environnemental de l’automobile en présentant un prototype hybride au salon de Tokyo en 1995. La suite on la connaît, c’est la mise en production de la Prius (première génération) en 1997, vendue comme la voiture du 21ème siècle.

toyota prius 4 generations

En 20 ans le groupe Toyota a écoulé plus de 11 millions de véhicules (sous les marques Toyota & Lexus) équipés de motorisations hybride-électrique. L’innovation de ses motorisations n’est sûrement pas étrangère à son classement régulier comme plus grand constructeur automobile mondial (en se tirant la bourre avec VW ou d’autres groupes en fonction des années). Aujourd’hui Toyota Lexus propose pas moins de 33 modèles hybrides dans 90 pays du monde, même si les USA sont de très très bons clients du groupe avec le Japon devant tous les autres.

Et en France ? Toyota propose de l’hybride sur 8 modèles : Yaris, Auris & Auris Touring Sports, C-HR, RAV4, Prius, Prius Rechargeable et Prius +, ce qui représente maintenant 60% des ventes, avec une disparition progressive du Diesel du catalogue de la marque. Du côté de Lexus, malgré des moteurs V8 très sympa sur la RC-F, GS-F ou LC500 (ou même le plus petit moteur que l’on trouvait anciennement sur la RC 200T que j’avais testé), l’hybride représente 99% des modèles vendus.

Pourquoi je vous dis tout ça ?

Il m’a semblé bon de faire une petite remise dans le contexte avant d’aborder les essais du jour, car ici ce n’est pas un seul modèle hybride que j’ai testé, mais une flopée de voitures du groupe dont j’ai pris le volant en quelques heures : Toyota Prius Hybride Rechargeable, Toyota C-HR Hybride, Lexus LC500h (dont l’article est déjà en ligne), Toyota Mirai, Lexus CT et Lexus IS, dont je vais vous parler dans cet article.

gamme hybride toyota

Un drôle de plateau assez hétéroclite réuni fin novembre dans le Sud de la France pour fêter les 20 ans de l’hybride Toyota. Hélas impossible de tout tester et pourtant j’aurais bien aimé rouler aussi un peu dans la Yaris Hybride (un modèle qui semble intelligent puisque c’est une citadine), et j’aurais probablement dû choisir le Lexus NX plutôt que la CT (mon non-attrait pour les SUV avait choisi avant la logique pure) et je n’ai pas testé la Prius IV classique donc je n’ai pas de comparaison pour le modèle rechargeable. Il aurait probablement fallu un jour de plus pour faire un tour complet.

toyota prius toutes generations

Sur cet essai j’ai passé un peu moins de 2h au volant de la Prius Plug-In Hybrid, la même chose au volant de la Lexus CT, une 40aine de minutes au volant du C-HR (et autant en passager) pour un rallye d’éco-conduite,  et un petit peu moins pour la LC, la IS et la Mirai. Enfin grâce aux ateliers du soir, j’ai pu mieux comprendre le fonctionnement de l’hybridation Toyota (hybride, hybride rechargeable et pile à combustible à hydrogène) et finalement en apprendre plus sur l’éco-conduite de ses modèles. Mais rentrons dans le vif du sujet….

Prius Hybride Rechargeable : c’est moche mais c’est loin d’être con

Ca c’est du titre non ? Derrière cette accroche un peu provocante, il y a une réalité. On ne va pas forcément disserter pendant 3 heures sur les lignes de cette version de la Prius, mais c’est un style audacieux voire un peu particulier, mais ceci dit il en va de même pour la Honda Civic, c’est ce qu’on classe souvent dans le style « manga » japonais. Maintenant quand on met la Prius 4 à coté de cette version rechargeable, je trouve la Prius IV bien fade (alors qu’à sa sortie elle avait provoqué quelques émois).

Toyota Prius vs Prius PHV

La face avant est beaucoup plus agressive ou expressive sur la PHV, l’arrière est encore plus torturé (ça ce n’est pas forcément en mieux). Et si je ne peux pas comparer les sensations au volant parce que je n’ai pas testé la Prius classique, il y a une différence qui va sauter aux yeux quand on ouvre le coffre, c’est la capacité entre les deux modèles. Si la Prius PHV gagne en autonomie électrique, elle perd par contre en habitabilité.

Toyota Prius PHV coffre Toyota Prius coffre

Se mettre au volant de cette Prius Hybride Rechargeable est très déroutant par rapport aux autres essais que j’ai eu l’occasion de réaliser. Déjà côté poste de conduite (ou de pilotage de navette spatiale) elle bouscule tous nos repères avec son instrumentation en position centrale. Ensuite, il y a ce drôle de levier de vitesse que l’on retrouve sur toute la gamme, mais qui est un peu déroutant au premier abord (mais on comprend vite le truc, si ce n’est la position « B » qui est étrangère à ceux qui ont des boîtes auto classiques). Par contre d’un coup, dans cet élan futuriste il y a un couac, enfin devrais-je dire un frein… et plus précisément un frein à pied. A l’heure où beaucoup de modèles n’offrent plus que des freins à main électroniques (on s’y fait), trouver dans la voiture « futuriste » un frein parking à pied est surprenant, comment dire que sur le coup j’ai mis du temps à trouver comment le désactiver (c’est le côté blonde j’assume).

Toyota Prius PHV Toyota Prius PHV

Si on met de côté le fait que j’ai dû maudire le GPS sur 18 générations, parce qu’il n’aime pas les itinéraires par étapes programmés à distance par les équipes sur ces essais (sinon pour le reste il fait le job correctement), le reste du trajet reliant l’aéroport de Toulon à Flayosc par les routes secondaires (vous voyez celles qui vont passer à 80km/h grrr) a été très agréable.

Toyota Prius PHV

Confort et silence m’ont accompagné une grande partie du trajet, j’aurais d’ailleurs bien aimé avoir une caméra dans la voiture pour immortaliser ma tête la première fois où le moteur thermique s’est mis à travailler fort pour attaquer une grosse montée. J’avais déjà roulé un peu plus de 40 km en électrique ou avec le moteur thermique juste en renfort, et d’un coup je n’entendais plus que lui… ça surprend car comme tous les moteurs essence associés à une boîte CVT, on le fait un peu crier avant qu’il ne passe le rapport au dessus… ça c’est moins ma came.

Toyota Prius PHV

Etait donc arrivé le moment fatidique où je n’avais plus vraiment d’électricité en stock pour rouler en silence avec le type de route en face à de moi, flûte on s’y fait au calme… Mais ouf je retrouvais bientôt des villages avec leurs feux rouges, leurs dos d’âne et la circulation un peu plus dense, suffisamment pour réussir à recharger les accus pour rouler un petit moment sans nuisances sonores sur les petites routes de campagne (et ainsi de suite). Et en parlant de petites routes, j’ai été agréablement surprise par la tenue de route de cette Prius, le poids des batteries doit aider à maintenir un centre de gravité bas, c’était vraiment appréciable.

Toyota Prius vs Prius PHV

A ceux qui pensent que l’hybride n’est qu’un argument marketing bidon, parce que l’autonomie en full électrique est trop faible (donc chez beaucoup d’autres constructeurs dont nous tairons les noms), je pense que cette Prius Rechargeable est en mesure de vous faire changer d’avis…. enfin sauf si vous conduisez comme un gros porc (ou une grosse truie, y en a pour tout le monde comme ça, pas de sexisme) car là on ne peut rien faire pour votre consommation quoiqu’il arrive… et si vous n’avez pas de prise pour la charger chez vous, dans ces cas là autant prendre une Prius classique.

Sans réellement changer ma conduite, sur un secteur que je ne connais pas (en étant même un peu perdue et en retard sur le timing…) et sans vraiment connaître les subtilités de l’éco-conduite en Prius, je pense avoir roulé plus des 3/4 du temps dans la zone Eco.

En mode rallye eco-conduite en C-HR

Les équipes de Toyota nous ont organisé un petit jeu avec l’aide d’Arthur Prusak (champion de eRallye) : une boucle à effectuer avec nos C-HR équipés d’un boitier de suivi des consommations, objectif réaliser le trajet dans un timing contenu en étant le plus économique possible.

Roadbook en main et par équipe de 2, on prend donc la route à intervalle régulier pour ce challenge. Pas forcément dans l’esprit d’entrer dans le jeu de la compétition avec Paul de BR (mon binôme du jour que je ne présente plus), on conduit finalement assez normalement (comme on le ferait avec nos véhicules) en discutant et suivant les changements de cap du roadbook. On voulait surtout rentrer pour avoir le temps d’essayer la Lexus LC et la Toyota Mirai. Hélas notre boitier a cessé d’émettre au milieu du parcours, mais nous aurions probablement fait un « sans-faute » selon les premières données remontées et analysées.

toyota c-hr

Pour en revenir un peu sur le C-HR, c’est un crossover au design très Toyotaesque (oui j’invente des mots si je veux !) que beaucoup avaient pu découvrir au dernier mondial de Paris (en 2016) juste avant le début de sa commercialisation en France. Comme vous avez compris la thématique de l’article, je l’ai donc essayé dans sa motorisation hybride essence de 122ch, il s’agit de la même motorisation et architecture (TNGA) que la Prius.

toyota c-hr

L’affichage est un peu plus clair que sur la Prius avec un compteur dans l’axe du conducteur, on a donc une remontée d’information plus lisible sur les différentes phases de conduite (les moments de charge, le mode economique / hybride et le mode thermique). A la différence de mon essai de la PHV conduite le matin, on a beaucoup plus de déclenchements du moteur thermique, j’ai donc vraiment pu voir la nette différence entre l’hybride classique et l’hybride rechargeable.

toyota c-hr

Coté intérieur et confort, ce C-HR n’est pas déconnant dans l’offre pléthorique des suv compact et crossover urbain, maintenant sur les petites routes j’ai moins apprécié le centre de gravité plus haut (et donc un peu plus de roulis), mais au moins Toyota propose une motorisation hybride qui doit permettre d’atteindre les 3.8 l/100 km en cycle mixte, c’est toujours mieux que la concurrence.

Toyota Mirai : l’ovni

Si la Prius Rechargeable est déroutante, cette Toyota Mirai l’est encore un peu plus (et encore plus juste après avoir roulé dans la Lexus LC). A l’habitacle original s’ajoute ce drôle de son à l’accélération, je cherche comment le décrire au plus juste et je pense que ce qui devrait parler au plus grand nombre c’est de dire qu’elle fait un bruit de voiture téléguidée…. un bzzzzzzzzupp progressif tout aussi linéaire que l’accélération de la bête. Ici il n’y a donc plus de moteur thermique mais un moteur électrique asynchrone AC d’une puissance de 154ch.

Nous avons fait qu’un tout petit tour avec l’engin, nous devions laisser de l’hydrogène pour les petits copains, puisque vous le savez pour le moment les stations distribuant de l’hydrogène se comptent sur les doigts d’une main (à Paris et à Orly, et donc pas trop dans l’arrière pays varois) et que même si l’autonomie n’est pas si mauvaise (jusqu’à 500km) quand on fait nos tests on a rarement le pied léger (surtout avec ce genre de nouveauté).

Mais ce n’est pas parce qu’en France le réseau de distribution est lent à se mettre en place qu’il faut de suite avouer l’hydrogène comme vaincu. Japon et USA commencent à proposer de plus en plus de stations qui vont de paire avec la multiplications de ces Mirai (et pas que les Mirai puisque d’autres marques travaillent aussi sur la pile à combustible). Au-delà de la voiture personnelle, l’hydrogène pourra équiper des bus, des camions, des chariots élévateurs…

toyota mirai

N’oublions pas que 20 ans plus tôt le groupe Toyota passait déjà pour farfelu avec le premier modèle hybride… il en faut toujours pour innover pour qu’ensuite d’autres suivent la même voie. Et si j’entends déjà l’argument que le « zéro émission » n’est que marketing parce que la transformation de l’hydrogène est polluante, je vous dirais qu’il n’y a de toute manière pas d’énergie propre (même le bois est polluant en CO2, alors les extractions et raffineries de pétrole vu où on doit le chercher maintenant…no comment!)

toyota mirai

On est quand même vite tenté de comparer ce premier modèle de berline à pile à combustible (et donc moteur électrique) à un modèle full électrique, au hasard une Tesla (model 3 histoire de ne pas être trop éloigné), on se rend compte que les performances de la Mirai sont beaucoup plus raisonnables : 0 à 100 km/h en 9.6 secondes et couple maxi à 335 Nm pour un équivalent de 154 ch, on a même un peu l’impression de perdre le côté un peu foufou de l’électrique pour quelque chose qui s’approche plus des comportements d’une thermique … Ça mériterait de se pencher de nouveau sur la question à l’occasion pour approfondir le sujet.

Lexus IS et CT

C’était la première fois que je testais l’entrée de gamme de Lexus en prenant le volant de la CT 200h. Autant j’aime assez la proposition de Lexus (malgré quelques défauts que j’ai déjà abordé lors de mes autres essais) dans ses différents modèles autant cet essai de la CT sur les petites routes m’a permis de remarquer un écart assez important entre ce modèle et le reste de la gamme Lexus. Mais je précise de suite ma pensée, l’écart ne concerne pas le confort, l’équipement ou l’habitabilité intérieure, là dessus je n’ai pas grand chose à redire, mais cela concerne essentiellement la motorisation et donc le comportement routier.

lexus ct200h

Là où la veille j’aurais pu doubler avec la Prius PHV, avec la CT 200h je n’ai pas osé m’y tenter. Un moteur peu puissant (99ch pour le thermique et 136ch en combiné) avec une boite qui cogite un peu trop lentement avant de se décider à lancer les chevaux c’est assez rédhibitoire pour moi. Enfin rédhibitoire ou castrateur, c’est vraiment une voiture qui sera plus à son aise en ville avec une conduite cool, mais pour ce qui est d’adopter une conduite plus dynamique, il faut plutôt s’orienter vers l’IS 300h.

lexus ct200h

Je n’ai fait que trop peu de kilomètres au volant de l’IS mais je peux dire une chose, le premier essai que j’en avais fait (très court) ne m’avait convaincue, mais celui-ci m’a déjà un peu plus séduite surtout en sortant de la CT. Franchement c’est un modèle que j’aimerais bien prendre le temps de tester un peu plus longtemps que 20 minutes à son volant.

lexus is

J’avais eu l’occasion en 2016 de tester les Lexus GS, Lexus RC mais aussi NX et IS (en plus court) alors n’hésitez pas à relire les articles, et à ne pas manquer aussi mon essai express de la LC 500h

En Bref

Juste quelques mots pour conclure ce long article, il est certain que mon essai préféré sur ces 24h a été la Lexus LC500h, forcément une élégante GT en tenue de soirée ça me plait bien, mais en dehors de celle-ci, celle qui m’a le plus surprise c’est la Prius PHV (la plug-in hybrid), si on met de côté son look pas forcément très racoleur et que l’on se concentre sur un raisonnement très pragmatique, elle répond aux besoins de nombreux conducteurs. Elle n’est pas parfaite notamment quand le thermique reprend la main, mais dans l’ensemble son utilisation et son comportement routier ne sont pas à sous-estimer, elle est moche certes mais elle est efficace !

Lexus LC500h

J’ai toujours considéré que l’hybridation façon Toyota Lexus était adapté au milieu urbain, justement parce que c’est l’environnement dans lequel on n’a pas toujours la possibilité de se recharger sur du secteur, et la circulation est assez dense et chaotique pour recharger au moins partiellement la voiture, en plus baisser les consommations d’essence en milieu urbain c’est vraiment pas du luxe (pour le portefeuille). Maintenant la Prius rechargeable apporte une vraie autonomie en full électrique, pour ceux qui peuvent charger à la maison ou au travail, c’est une voiture qui permet de profiter de l’électrique pour les besoins quotidiens tout en ayant la possibilité de partir en vacances sur un coup de tête sans se soucier du temps de pause pour les recharges ou de trouver une charge à destination.

A quand une version rechargeable sur un des modèles premium Lexus, là est la question que je me pose ?
Et puis à quand des hybrides signées Toyota Gazoo Racing ? Le salon de Tokyo nous a dévoilé de jolis concept que l’on aimerait bien voir aboutir…

En attendant voici encore une sacré bestiole signée Lexus (Lexus LS) sous le givre du matin … hélas celle-ci n’était pas au menu des essais, juste là pour le plaisir des yeux…

lexus LS lexus LS lexus LS lexus LS

p.s :  toutes les photos ne sont pas de moi, les plus jolies sont signées Bernard Rouffignac : les photos du plateau hybride, des prius de toute génération, les photos du C-HR et de la Mirai. Photographier ou conduire, j’ai choisi conduire … 😉 

A propos de l'auteur

Portrait Miss280ch 350z

Raphaelle

Avoir des chromosomes XX n'empêche pas d'apprécier les voitures et les belles mécaniques, bien au contraire. Je pense même que cela permet d'apporter un regard différent sur le secteur automobile, sans pour autant devoir se limiter à commenter la palette des couleurs des citadines.

J'ai grandi baignée dans l'univers automobile, je me suis fait plaisir avec des sportives raisonnables, j'ai passé des heures voire des week-ends au sein de clubs automobiles. Depuis maintenant plus de 7 ans, j'édite seule le site Miss280ch. Entre coups de coeur et coups de gueule, je m'exprime souvent sans langue de bois, mais toujours avec humour et honnêteté.

Basée en Alsace, je profite de l'Autobahn illimité pour taquiner les VMax des voitures ou des Vosges pour tester les châssis ... ce terrain de jeu est parfait.

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