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Péage urbain : multiplication des cas de « doublette » à Londres

London congestion charging at Old Street, large photo, by Nevilley

Je commence par rappeler que le terme de doublette correspond à l’usurpation d’une plaque d’immatriculation d’un véhicule, histoire d’éviter tout quiproquo contextuel. Si la fraude est déjà répandue en France pour s’amender des PV liés aux radars fixes, ici on va se concentrer un moment sur le cas de la ville de Londres et de son péage urbain. Vous comprendrez après pourquoi cette information m’a mise la puce à l’oreille.

Londres, son péage urbain et ses fraudeurs …

Londres fait partie des premières capitales européennes (enfin au sens géographique, on ne va pas chipoter sur le Brexit) avec plusieurs villes nordiques à avoir mis en place un péage urbain nommé « London congestion charge » qui s’applique du lundi au vendredi de 7h00 à 18h00.

Mariordo (Mario Roberto Durán Ortiz) [CC BY-SA 3.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0)], from Wikimedia Commons

Tous véhicules entrant dans un périmètre défini de la capitale anglaise aux horaires mentionnés ci-dessus sont invités à s’acquitter dans la journée de 11.5£ de péage (environ 13€ selon le change actuel). Le conducteur qui n’a pas réglé son dû à la fin de la journée recevra une pénalité (PCN). Le contrôle s’effectue par des caméras qui prennent des photos à l’entrée de la zone de congestion et lit la plaque d’immatriculation pour envoyer l’éventuelle pénalité au propriétaire du véhicule.

Genesis12 (talk) (Uploads) [Public domain], from Wikimedia Commons

Il y a bien entendu certains véhicules exonérés de ce paiement (ou recevant une réduction), mais vous vous doutez bien que la majorité des voitures particulières sont concernées. Sauf que de plus en plus petits malins ont décidé de frauder le système en clonant une plaque d’immatriculation. De base si le système détecte une différence entre la plaque d’immatriculation et le modèle enregistré dans les fichiers nationaux le paiement du PCN n’est pas réclamé, mais que se passe-t-il quand les fraudeurs utilisent le même type de véhicule que vous ?

Comme souvent dans ce cas là (et comme en France pour les radars), c’est à l’automobiliste d’apporter la preuve que son véhicule n’était pas là où on l’accuse d’avoir fauté. Du coup certains automobilistes sont tentés de payer pour ne pas avoir entrer dans cette procédure fastidieuse, et malgré cela le nombre de pénalités PCN annulées pour clonage ne cesse de croître. Londres n’étant finalement que la face visible de l’iceberg de ce système de clones.

Les criminels et autres fraudeurs utilisent de plus en plus le clonage de véhicules (même marque, même modèle, même couleur et du coup même plaque que la vôtre) ce qui rend les infractions plus difficiles à détecter pour les autorités. Le cas de Londres permet de pointer du doigt un problème de plus grande envergure.

Si entre 2016 et 2017 le nombre de pénalités annulées pour cause de clonage a augmenté de 50% (de 1099 à 1652), les premiers mois de 2018 semblent confirmer une tendance à la hausse selon le London Transport for London (TfL). Pour faciliter les démarches dans ces situations là, il est conseillé aux propriétaires d’avoir des photos de son véhicule et éventuellement de quelques spécificités bien visibles, ou sinon d’investir dans une dashcam ou tout système qui permet de géolocaliser son véhicule.

Une préoccupation pour les projets français …

Vous vous doutez bien que si je vous parle de cette tendance en outre-manche, c’est parce que nous sommes aussi fortement concernés par cette fraude et sa croissance. Si les doublettes se sont multipliées dans un premier temps suite à l’augmentation massive des radars fixes, les nouveaux systèmes de stationnement avec leur FPS sont aussi une nouvelle tentation à utiliser une plaque qui n’est pas la sienne, dans la mesure où le risque de se faire prendre reste relativement faible pour le moment (les agents chargés de cette mission n’étant plus des agents assermentés des forces de l’ordre). Bien trop faible d’ailleurs …

Imaginez qu’en plus, plusieurs grandes villes françaises songent aussi à implanter des péages urbains sur le même principe de fonctionnement que celui de Londres. Mieux encore dans le cadre d’un travail sur une directive européenne du « pollueur payeur », un système de péage par reconnaissance de plaque pourrait voir le jour pour remplacer nos barrières actuelles sur les autoroutes. Sauf qu’à la différence d’un boitier de télépéage, la plaque est elle falsifiable (même si les revendeurs sont censés vous demander la carte grise avant de fournir une plaque), vous imaginez le bazar que cela pourrait être ?

 

source pour les données sur Londres : https://www.honestjohn.co.uk/

A propos de l'auteur

Portrait Miss280ch 350z

Raphaelle

Avoir des chromosomes XX n'empêche pas d'apprécier les voitures et les belles mécaniques, bien au contraire. Je pense même que cela permet d'apporter un regard différent sur le secteur automobile, sans pour autant devoir se limiter à commenter la palette des couleurs des citadines.

J'ai grandi baignée dans l'univers automobile, je me suis fait plaisir avec des sportives raisonnables, j'ai passé des heures voire des week-ends au sein de clubs automobiles. Depuis maintenant plus de 7 ans, j'édite seule le site Miss280ch. Entre coups de coeur et coups de gueule, je m'exprime souvent sans langue de bois, mais toujours avec humour et honnêteté.

Basée en Alsace, je profite de l'Autobahn illimité pour taquiner les VMax des voitures ou des Vosges pour tester les châssis ... ce terrain de jeu est parfait.

5 commentaires

  • C’est un problème qui pourrait nous toucher à plus ou moins grande échelle. Mais pourquoi ne pas lier le numéro de plaque avec le numéro de série du véhicule ? Le rapprochement entre les données serait fait après la lecture des plaques auprès de l’autorité compétente.
    Si on se fait voler sa caisse alors c’est aussi un gros soucis.

    • Le numéro de série est déjà lié à la plaque d’immatriculation via la carte grise.
      D’après l’article, il y a déjà une reconnaissance du modèle et un lien entre la base de données des immatriculations et une base de données des modèles de voiture puisque si le modèle ne correspond pas à l’immatriculation il n’y a pas d’amende envoyée.
      Le problème vient des vrais doublettes, quand la voiture est la même. Comment un système, qu’il soit automatique ou avec un humain, peut faire la différence entre une 206 bleue et une 206 bleue?
      Le numéro de série est visible dans le bas du par brise de certaines voitures mais ça risque d’être compliqué à prendre en photo.

      La seule solution que je vois, et on y va, ce sont les voitures communicantes. C’est le même principe que le badge de télépéage mais intégré à la voiture. Tu passes un péage, le péage demande à la voiture de s’identifier, la voiture répond au péage et le péage t’envoie la facture. ça fait Big Brother mais c’est plus difficilement falsifiable. Une plaque d’immatriculation ça se fait par internet et on peut demander l’immat de sa voiture jumelle qu’on vient de croiser dans la rue. Reprogrammer sa voiture pour qu’elle envois des infos d’une voiture jumelle c’est déjà d’un tout autre niveau, ne serait ce que pour récupérer les infos qui sont envoyé par la voiture jumelle.

  • Bonjour,
    C’est un article très intéressant et bien informatif ! Ça pose un gros problème lorsque la voiture est la même. Maintenant, comment expliquer que l’on n’était pas dans les parages au moment des faits. Les preuves apportées doivent être solides, je pense !

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