DS 9 est la grande berline signée par la jeune marque premium française. Un nouveau pari, semble-t-il assez osé, dans un marché qui a tendance à bouder tout ce qui n’est pas SUV. Retour sur cette journée d’essai entre la DS 9 E-TENSE 225 et le prototype E-TENSE 4×4 360.
Que cela fait du bien d’être invitée à tester autre chose qu’un énième SUV, cette année 2021 semble un peu plus plaisante à ce niveau-là. Au programme de la journée, ce sont surtout deux motorisations électrifiées qui étaient sous les projecteurs, la version E-TENSE 225 et la version E-TENSE 4×4 360. Cependant, la DS 9 est aussi disponible en version thermique, alors équipée d’un moteur Puretech 225 que l’on connaît déjà dans le groupe.
Difficile de prédire quel accueil aura cette grande berline sur le marché français, mais une chose est sûre, DS a mis du coeur à l’ouvrage pour mettre toutes les chances de son côté, enfin presque toutes les chances…
Design chargé, mais facilement identifiable
Avec une débauche de chrome sur différents éléments extérieurs, on sent que la marque française souhaite encore une fois tenter de séduire prioritairement la clientèle chinoise, très friande de ce style. Espérons pour la marque que ce nouveau modèle de la gamme arrivera à convaincre cette cible, car la DS 9 est fabriquée en Chine, justement pour répondre à la supposée demande de ce pays. Un choix stratégique que les puristes reprochent déjà à DS.
Alors que nombre de constructeurs européens premium éliminent progressivement ces éléments chromés, souvent jugés comme trop « bling-bling », DS 9 en ajoute avec un sabre sur le capot, ainsi que deux autres sabres latéraux soulignant les feux arrière.
Too much ? Cela dépendra des goûts de chacun, mais ce design à l’avantage de permettre d’identifier une DS9 sur la route quasi-immédiatement. Alors qu’il devient de plus en plus difficile de distinguer les différents modèles chez certains constructeurs (ou groupe), ce design audacieux tranche !
Pour le reste, on retrouve l’esprit que la marque DS a commencé à instaurer au travers de DS 7 CROSSBACK, puis de DS 3 CROSSBACK. D’ailleurs les optiques avant reprennent la cinématique de ceux de DS 7 CROSSBACK, avec ce petit effet waouh lors de la mise en route. La calandre diamantée nous rappelle aussi le grand SUV de la gamme. Pas de doute, la DS 9 s’inscrit bien dans l’ADN de la marque, avec toujours ce soin apporté aux détails esthétiques.
Je ne saurais vous dire sincèrement si j’apprécie, ou non, le design de cette nouvelle DS 9. Du côté des proportions, l’ensemble est plutôt séduisant pour une grande berline de 4.93 m, mais l’accumulation de détails de style déroute. En tout cas, il vaut mieux l’avoir sous les yeux que via les photos pour s’en faire une idée.
A l’intérieur : qualité & confort
Si vous connaissez et appréciez l’intérieur du DS 7 CROSSBACK, vous ne serez pas dépaysé par le style de la DS 9. Notamment avec la finition Opera qui se pare de ses plus beaux cuirs et de ses surpiqûres en point perle dont les équipes de DS sont si fières. On trouve du cuir jusqu’au cache d’airbag du volant et sur les poignées de maintien. Un peu excessif ? Pas tant que cela, après tout, il faut bien ça pour rivaliser avec les autres marques premium.
Même la finition Performance Line, plus axée sur l’Alcantara est du plus bel effet, on ne peut clairement pas reprocher cela à DS. La qualité d’assemblage et les soins apportés aux détails intérieurs font leur petit effet, et même si l’on n’adhère pas au style de l’ensemble, on ne peut pas leur retirer cet effort à vouloir faire bien.
Dans cet écrin qui se veut à l’image du luxe à la Française, on apprécie le confort du modèle, et ceci jusqu’aux places arrière. Car oui, la DS 9 s’apprécie aussi confortablement installé en passager, à l’arrière d’une voiture avec chauffeur par exemple. Les sièges chauffants et ventilés sont aussi massant dans notre version d’essai. De quoi apprécier la promenade en « rang 2 » (idéale à l’heure de la sieste) que les représentants de la marque ont insisté à nous présenter.
Derrière le volant de la DS 9 E-TENSE
Si vous ne l’avez pas encore compris, la DS 9 E-TENSE 225 mise sur le confort pour séduire la clientèle. Un héritage du savoir-faire passé, que DS, depuis 2014, tente de remettre en lumière au travers de ses modèles les plus haut de gamme.
La DS 9 dispose de plusieurs modes de conduite : électrique, hybride, confort, et sport. Si le mode « Sport » donne un peu plus de répondant à l’auto, et lui offre donc plus de dynamisme pour plus de plaisir de conduite. J’ai plutôt apprécié l’activation de son mode « confort », là où la technologie de suspension pilotée » DS Active Scan Suspension » prend tout son sens en lisant la route avec sa caméra pour transformer les chaussées chaotiques en promenade sur un tapis volant.
Pour les amateurs de premium allemand et les excités de la pédale de droite, les 225 ch de cette motorisation hybride rechargeable (PHEV) ne suffiront probablement pas. Il faut dire en plus qu’à pleine charge, le bruit du moteur thermique, même s’il est bien étouffé par le travail d’insonorisation, ne sera pas des plus agréable. Clairement, cette motorisation s’adresse à ceux qui la mèneront à train de sénateur, et pour cela nul besoin d’une débauche de chevaux sous le capot. Si vous avez une conduite dynamique, j’ai peur que les consommations, une fois la batterie de 11.9 kWh épuisée, ne soient pas en faveur de ce modèle. Notre essai, un peu trop court, ne me permet pas de dire si l’hybridation (outre l’agrément de conduite) est efficiente ou accessoire.
Pour autant, n’allez pas croire que la DS 9 n’est typé confort que pour cacher ses défauts de châssis, il n’en est rien. D’ailleurs les essais des prototypes E-TENSE 4×4 360 (motorisation similaire à la 508 PSE), disponible à la fin de l’année, nous ont permis d’aller un peu plus loin dans les essais en conduite dynamique.
On aura avec cette motorisation hybride rechargeable de 360 ch, une motorisation qui pourra rivaliser avec certaines concurrentes plus sportives, mais je reste quand même toujours mitigée, non par les performances, que par le ressenti et le son de ces moteurs hybrides, dont le moteur thermique est clairement downsizé. Cela reste une grande routière plus qu’une voiture plaisir, peu importe la motorisation choisie.
Un ressenti mitigé sur les équipements
Je ne reviens pas ici sur les choix stylistiques du modèle, chacun ayant son avis sur ce qui est beau, et ce qui ne l’est pas, selon son propre référentiel. Dans tous les cas, cette voiture attire l’attention sur la route, et j’ai eu également droit à des questions de curieux lors des pauses photos, comme quoi, la DS 9 ne laisse clairement pas indifférent.
Ce qui laisse un sentiment un peu plus partagé, concerne surtout la technologie à bord. La DS 9 propose tout ce qu’il faut pour être dans la tendance, on trouve les aides à la conduite attendues sur cette gamme de produits, dont la conduite autonome de niveau 2, mais cette voiture aurait mérité quelques actualisations à sa sortie.
Je pense notamment à la caméra de recul, qui offre une qualité médiocre pour ce positionnement. D’ailleurs j’ai repris les manœuvres à l’ancienne, car la camera n’est clairement pas une aide pour manœuvrer ce grand bébé de 4.93 m. A ce niveau de prix, il est surprenant de ne pas trouver un système plus évolué de caméra 360°, qui est d’ailleurs préférable à des systèmes comme DS Park Pilot (aide au stationnement) que moins de 5 % des conducteurs doivent réellement utiliser.
L’écran central reprenant toutes les commandes du véhicule semble aussi avoir une génération de retard. C’est d’autant plus frustrant que la DS 4 qui arrivera en fin d’année est, elle, équipée d’un nouveau système embarqué.
Ce sont des points de détail pour certains, mais cela pourra avoir un impact, notamment sur la valeur résiduelle du véhicule après quelques années. Reste que la clientèle cible de ce genre de grande berline pourrait très bien ne pas s’arrêter sur ces quelques défauts.
Bilan globalement positif
Il faut bien comprendre que l’on attend finalement beaucoup de DS qui souhaite se positionner comme un concurrent sérieux face aux marques allemandes (ou même au premium japonais ou suédois), c’est bien pour cela que l’on est aussi critique quand on a l’impression que la marque s’égare. « Qui aime bien, châtie bien », et si vous me lisez régulièrement vous savez que je suis d’autant plus dure avec nos fleurons nationaux, que l’on souhaite voir réussir et perdurer.
Ce n’est pas tout d’offrir un design audacieux, un style intérieur valorisant, il faut aller jusqu’au bout de la démarche et offrir un produit qui sera homogène. Or, on le sait, les motorisations seront toujours le talon d’Achille du groupe Stellantis (pour la branche ex-PSA), notamment sur la conquête des marchés étrangers, et si l’on se loupe sur les équipements technologiques, on laisse alors d’autant plus de place aux marques historiquement installées sur le créneau.
DS est encore une marque jeune qui, même si elle n’atteint pas les volumes escomptés pour s’enorgueillir d’une réussite du luxe à la Française, ne fait pas pire que certaines marques prestigieuses anglaises ou italienne bien établies. On veut y croire…
A l’image de DS 7 CROSSBACK que l’on ne pensait pas voir se multiplier dans le paysage automobile, il est possible que cette DS 9 nous surprenne, non pas en misant sur des ventes rapides, mais sur une installation progressive sur le marché. Reste que pour cela les acheteurs de DS 9 devront débourser au minimum :
- DS 9 Performance Line E-TENSE 225 : 55 000 €
- DS 9 Rivoli E-TENSE 225 : 57 900 €
- DS 9 Performance Line E-TENSE 4×4 360 : 66 500 €
- DS 9 Rivoli E-TENSE 4×4 360 : 69 400 €
Seule la DS 9 Puretech 225 dans sa version Performance Line s’affiche à moins de 50 000 € (hors options).
Le confort et l’audace se payent au prix fort, reste à voir si la clientèle succombera au charme de DS 9, ou lui préférera un modèle plus raisonnable sous les traits de DS 4. L’avenir nous le dira…
Version audio de cet essai :