Le mariage est scellé, et même dorénavant consommé, vendredi dernier de nombreux salariés des deux groupes disaient adieu à PSA ou FCA, pour reprendre ce lundi matin sous l’appellation Stellantis. Une page se tourne, une autre s’ouvre avec son lot de questions et d’incertitudes.
Difficile à l’heure actuelle de savoir si l’on peut vraiment commencer l’histoire par « Il était une fois », ou si le possible conte de fée risque de tourner au polar bien noir. Si l’on se fie aux critiques les plus virulentes, le nouveau groupe fonce droit dans le mur, mais pour une fois, j’ai envie d’être un peu plus optimiste que la moyenne.
Des arguments qui tiennent la route
Après la validation du projet de fusion et l’introduction en bourse, aujourd’hui Carlos Tavares, CEO Stellantis, prenait la parole à travers une web conférence pour présenter les grandes lignes de la stratégie Stellantis et se prêter au jeu des questions/réponses de la presse internationale.
Ce que j’en retiens, c’est qu’il n’en ressort pas une course au volume, mais à la qualité, une montée en gamme (et en marge) que l’on a déjà pu observer dans le groupe PSA. Un des axes majeurs de la fusion est de permettre d’optimiser les coûts avec des économies d’échelle. Cela se passera au niveau des produits par des plateformes et pièces mutualisées, du savoir-faire partagé autour de l’électrification, et des outils de production optimisés.
Cela concernera aussi le volet des achats par des économies substantielles (estimées à 35 % d’ici à 2024) en pièces, notamment high tech, mais aussi des renégociation avec les fournisseurs grâce aux nouveaux volumes apportés.
Enfin, bien d’autres optimisations seront à venir, on a pu voir la méthode Tavares faire ses preuves sur Peugeot, on commence doucement à en apercevoir les effets sur Opel. Carlos Tavares indique quand même que la stratégie qui sera appliquée à Stellantis ne sera pas forcément la même que celle pour les deux exemples nommés. Mais je ne suis pas sûre que le discours du jour ait vraiment convaincu les salariés en place, et la crainte reste importante quant à quelques coupes budgétaires, et donc humaines, qui pourraient apparaître dans les prochains mois.
D’ailleurs, en parlant d’humain, dans l’organisation du nouveau groupe, il y a quelques mouvements surprenants et/ou intéressants au niveau des équipes dirigeantes. Le retour fracassant de Linda Jackson, mais cette fois à la tête de Peugeot est une surprise. Elle remplace donc Jean Philippe Imparato qui prend la tête d’Alfa Romeo, et ça c’est peut-être une bonne nouvelle pour la marque italienne, car clairement on ne met pas Imparato sur une marque dont on veut se débarrasser, même si la belle italienne risque de prendre des accents français.
Et les bagnoles dans tout ça ?
Rien de bien croustillant aujourd’hui, on le savait déjà, mais Carlos Tavares l’a exprimé de nouveau, l’aventure se fera avec 14 marques (oui même Lancia). Mais il n’est pas exclu des repositionnements stratégiques de certaines d’entre-elles. L’objectif de la fusion passe aussi par l’idée d’avoir des produits adaptés à tous les besoins de la clientèle mondiale, du cheap au luxe en passant par du bon suv/pick-up américain. Enfin le marché américain demeurera la chasse gardée des marques déjà implantées sur le territoire, même s’il n’est pas complètement exclu que Peugeot puisse un jour s’y tenter, ce n’est pas la priorité n°1, et c’est sûrement plus sage ainsi. Quant à la Chine, il est encore un peu trop tôt pour s’exprimer clairement sur le sujet apparemment.
Côté électrification, le nouveau groupe démarre 2021 avec 29 modèles électrifiés, 10 de plus sont attendus d’ici la fin de l’année. Et d’ici à 2025, tous les nouveaux modèles lancés comporteront une version électrifiée (ce que PSA avait déjà initié comme mouvement). Pour palier à d’autres catastrophes épidémiques, Stellantis prévoit de développer la vente en ligne pour ses marques.
Alors que la Renaulution n’a semble-t-il pas abordé la thématique du véhicule autonome (à moins que je sois passée à côté), Stellantis ne l’a pas oublié dans sa présentation du jour, en incluant son partenariat avec Waymo. Mais à vrai dire, on n’est pas vraiment pressé d’avancer sur le sujet. La mobilité partagée est aussi au cœur des préoccupations de Stellantis avec Leasys (pour ex-FCA) et Free2Move (pour ex-PSA), elles seront opposées à Mobilize chez Renault, avec certainement des évolutions à prévoir sur cette activité-là.
Ce que je retiens également de cette conférence, c’est que Carlos Tavares a prononcé plusieurs fois « mobilité sûre – propre et abordable », reste à voir comment cela va se concrétiser côté produit. Enfin il faut s’attendre à avoir des annonces de véhicules « soeurs », partageant donc une grosse base commune (et en disant ça, je pense notamment à Alfa), mais qui devraient conserver leur identité, ça risque quand même de grincer des dents chez les aficionados.
Affaire à suivre !
p.s : une grosse pensée pour tous les salariés (encore en poste, car il y a eu pas mal de fuite) du nouveau groupe qui sont face à une nouvelle aventure et qui ne savent pas encore à quelle sauce ils vont être mangés. On pense à vous !
Je suis passé à Vélizy cette semaine sur la N118/A86, et l’affichage sur le bâtiment du site PSA a déjà changé en « Stellantis »
Cdlt